Au lointain Maroc, des réfugiés syriens attendent un meilleur sort

Abdelkader est arrivé il y a peu à Tanger, après une escale au Liban. Comme lui, ils sont des centaines de Syriens à vivoter au Maroc, dans l’attente d’une traversée vers l’Europe voisine ou d’une reconnaissance de leur statut de réfugié.

Des réfugiés syriens, au Maroc. © AFP

Des réfugiés syriens, au Maroc. © AFP

Publié le 14 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Depuis l’été, le nombre de Syriens entrant au Maroc –en particulier via la frontière officiellement fermée avec l’Algérie– est en augmentation constante, selon des ONG. Il n’existe toutefois aucun chiffre précis depuis que le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a cessé toute comptabilité en janvier.

« A cette date, nous avions été contactés par 843 personnes, qui sollicitaient le statut de demandeur d’asile », déclare à l’AFP Marc Fawe, un responsable local du HCR.

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Abdelkader, un dentiste de Damas âgé de 36 ans, n’est pour sa part arrivé qu’il y a un mois sur les rives du détroit de Gibraltar.

Avec sa femme et ses quatre enfants, il a fui son domicile à la fin du printemps, à la suite d’une offensive des troupes de Bachar al-Assad contre son quartier, tenu par la rébellion.

Dans un premier temps, comme beaucoup de compatriotes, Abdelkader a tenté sa chance au Liban voisin, avant de poursuivre jusqu’au Maroc via l’Algérie.

« Je suis venu ici, sans ma famille, pour chercher du travail car rester au Liban était au-dessus de mes moyens. Cela me coûtait 50 dollars par jour », explique ce trentenaire qui occupe temporairement, avec d’autres Syriens, de modiques bâtisses aux façades délavées.

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Jusqu’à présent, sa quête d’un travail est restée vaine, faute d’une régularisation de sa situation, avance-t-il.

« Je ne sais pas ce que je vais faire. Ma famille ne peut pas me rejoindre car ils n’ont pas de passeport, et nous n’avons toujours pas d’argent », clame-t-il, tout en écartant l’idée d’un retour en Syrie: « Il n’y a plus rien là-bas. Les gens en sont venus à manger l’herbe ».

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Depuis mars 2011, les violences ont fait plus de 120. 000 morts en Syrie, selon une ONG syrienne. La guerre civile est aussi à l’origine de la pire crise humanitaire de ces deux dernières décennies, avec plus de deux millions de réfugiés et des millions de déplacés.

Face à ce drame, le Maroc a ouvert un hôpital de campagne dans l’immense camp de réfugiés de Zaâtari, en Jordanie. D’après Rabat, il a déjà prodigué des soins à quelque 20. 000 Syriens.

« Ni travail ni argent »

Mais, au Maroc même, beaucoup de réfugiés syriens disent partager le désarroi d’Abdelkader, en l’absence de statut légal.

« J’ai sollicité un visa mais n’ai obtenu aucune réponse. Alors je n’ai ni travail ni argent. Les gens sont gentils et nous apportent de la nourriture. Mais je ne vois aucun avenir », affirme Mohamed, 50 ans, venu de Homs, dans le centre de la Syrie.

Arrivé à Tanger il y a deux mois avec sa femme et ses sept enfants, ce commerçant vit dans un petit appartement au 6e étage d’un immeuble occupé par une bonne douzaine de familles syriennes.

Par l’une des fenêtres du salon se dessinent les côtes européennes, que beaucoup de Syriens rêvent de rejoindre, relève Chakib al-Khayari, responsable de l’Association Rif des droits de l’Homme (ARDH).

Alors que le Maroc va entreprendre en 2014 une « opération exceptionnelle » de régularisation des clandestins, essentiellement d’origine subsaharienne, le sort des réfugiés syriens paraît plus flou.

Interrogé lundi sur le sujet, le nouveau ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a estimé leur nombre à « environ un millier », sans fournir d’autre précision.

Le HCR assure toutefois que des démarches sont en cours. « C’est pour cela que nous n’enregistrons plus les nouvelles demandes d’asile (. . . ), même si, à ce jour, il est exact qu’il n’y a pas encore de programme spécifique », relève Marc Fawe.

Dans l’attente, nombre de Syriens en sont réduits à la mendicité.

Mohammed, 38 ans, loge avec sa femme et ses six enfants dans un petit hôtel du centre-ville de Rabat, en compagne de 17 autres familles.

« C’est le seul à avoir bien voulu nous héberger. Et si la mosquée ne nous donnait pas de l’argent, nous serions à la rue », soupire ce commerçant d’Alep.

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