Algérie: El-Watan se voit interdire la tenue d’un débat public sur l’économie
Le quotidien francophone algérien privé El-Watan a annoncé jeudi s’être vu interdire la tenue d’un débat sur l’économie prévu samedi à Alger, alors qu’il organise ce type de débats depuis huit ans.
Dans sa version en ligne, El Watan indique avoir reçu mercredi en fin de journée un courrier de l’Office de Riadh el Feth (Oref, rattaché au ministère de la Culture) qui lui avait loué la salle pour l’occasion dès le 27 octobre, lui demandant d’obtenir une autorisation de la wilaya (préfecture) d’Alger pour pouvoir organiser le débat.
El-Watan a précisé à l’AFP avoir soumis jeudi dans la matinée une demande d’autorisation à la wilaya pour s’entendre dire: « C’est trop tard ». Le vendredi est jour de week-end en Algérie.
Selon le quotidien, « des instructions fermes ont été adressées mercredi soir aux différents services pour interdire et (ou) empêcher la tenue des débats d’El-watan (. . . ) autour du thème +Statu quo autoritaire – Quel coût pour l’Algérie+ ».
Interrogé par l’AFP, Omar Belhouchet, le patron du journal, a estimé que la mesure revenait de facto à une interdiction et a dénoncé « atteinte aux libertés », alors le journal a organisé depuis 2005 les dizaines de débats et conférences dans cette cité sans la moindre interférence des autorités.
El-Watan, que M. Belhouchet qualifie de « contre-pouvoir » ou de « journal autonome » mais pas de journal d’ »opposition », considère ces débats sur des sujets d’intérêt général comme une poursuite de son oeuvre éditoriale.
Aucun interlocuteur n’était joignable pour le moindre commentaire jeudi tant à la wilaya d’Alger que chez le gestionnaire de la salle.
« Il n’y a pas de bâillonnement ni de privation de liberté » de la presse, a assuré le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, par téléphone à l’AFP.
« Nous ne sommes pas responsables » du gestionnaire, « El-Watan est quotidien un privé. Il peut organiser ses débats où il veut. Cela ne dépend pas de l’Etat », a-t-il ajouté.
Le 12 octobre, France 24 avait organisé une table ronde sur l’Algérie dans cette cité culturelle, qui comprend des cinémas, théâtres, bureaux et boutiques sur les hauteurs d’Alger. Le débat avait pris un ton très critique avant d’être interrompu par une « panne d’électricité » inexpliquée.
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