Tanzanie: le pouvoir veut durcir une loi déjà controversée sur la presse
Le gouvernement tanzanien veut durcir une loi sur la presse datant de 1976, qui criminalise déjà les délits de presse et confère au ministère de l?Information le pouvoir de suspendre toute publication, a-t-on appris jeudi après de l’opposition.
Un nouvel amendement déposé par l’exécutif tanzanien, sur lequel planchent les députés depuis mercredi, préconise une amende de 5 millions de shillings (2. 200 euros), dans le but de « décourager la publication d?articles séditieux que l?on observe de plus en plus ces jours-ci », selon les explications fournies mercredi à l’Assemblée nationale par le représentant du gouvernement Frederick Werema.
La loi de 1976 prévoit déjà un système d’amende, mais bien plus faible – 15. 000 shillings (6 euros) – et/ou une peine maximale de 3 ans d?emprisonnement pour publication d’articles insultants, mensongers ou incitant au trouble de l?ordre public.
L?opposition réclame au contraire l?abolition du texte de 1976.
« Cette loi doit être complètement abrogée. Nous avons besoin d?une nouvelle loi qui garantisse la liberté de presse et la liberté d?opinion. Cet amendement qui propose des amendes plus sévères est une attaque contre la presse », a déclaré à l?AFP le porte-parole de l?opposition parlementaire, Tundu Lissu. « Il y a eu des appels depuis des décennies pour que cette loi soit abrogée mais rien n?a été fait », a-t-il poursuivi par téléphone.
En application de cette loi de 1976, la ministre de l?Information, Fennela Mukangara, a suspendu le 27 septembre les quotidiens en swahili Mwananchi (le Citoyen) et Mtanzania (le Tanzanien), respectivement pour 14 et 90 jours. Le gouvernement leur reprochait « des articles hostiles visant à miner la confiance de la population dans les institutions de l’Etat et donc de mettre en danger la paix et l’unité nationale ».
Le Mwananchi a repris sa publication après l?expiration du délai. Le Mtanzania est toujours sous le coup de la mesure gouvernementale.
Un autre journal en swahili, Mwanahalisi, est suspendu depuis le 30 juillet 2012.
A la suite de ces suspensions, l?Association des propriétaires des médias en Tanzanie, le Forum des Editeurs de Tanzanie, le Conseil des Médias en Tanzanie et l?Union des clubs de presse de Tanzanie avaient réclamé une « loi moderne sur le droit à l?information et une législation actualisée ». Le Comité de protection des journalistes et Reporters sans frontières s’étaient joints à l’appel.
Au Kenya voisin, les médias sont aussi vent debout depuis le vote la semaine dernière par l’Assemblée nationale d’une loi qui doit encore être promulguée par le président de la République mais prévoit des amendes allant jusqu’à 173. 000 euros contre les organes de presse en cas de non respect du Code déontologie, ainsi que la création d’un tribunal spécial pour les médias.
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