Sahel: relancer l’agriculture irriguée pourrait accélérer la croissance

La Banque mondiale (BM) a plaidé jeudi à Dakar pour la relance de l’agriculture irriguée au Sahel pour accélérer la croissance dans cette région en proie à de récurrentes crises alimentaires et où, selon elle, les cultures dépendent « à 95% de la pluie ».

Sahel: relancer l’agriculture irriguée pourrait accélérer la croissance © AFP

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Publié le 1 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Au Sahel, l’agriculture contribue dans certains pays de la zone à « plus de 45% du PIB (produit intérieur brut) » mais elle « demeure à 95% dépendante de la pluie et donc, directement tributaire des aléas climatiques », a déclaré le vice-président de la BM pour l’Afrique, Makhtar Diop, lors d’un forum sur l’agriculture.

« Dans notre sous-région du Sahel, nous sommes véritablement en face d’un défi de la généralisation de la maîtrise de l’eau pour l’agriculture sahélienne. (. . . ) Aujourd’hui, peu ou prou, le Sahel compte 400. 000 hectares irrigués. Faire passer ce nombre à 1 million d’hectares en 2020, c’est le défi que je nous lance à tous », a ajouté M. Diop.

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L’irrigation au Sahel était le thème spécifique du forum de Dakar, ouvert en présence du chef de l’Etat sénégalais Macky Sall et organisé par la BM et le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss). Cette rencontre était la deuxième du genre en moins d’une semaine, un premier forum sur l’élevage s’étant tenu mardi à Nouakchott.

Dans son discours dont une copie a été transmise à l’AFP par le bureau régional de la BM à Dakar, Makhtar Diop a exhorté à « forger la résilience et accélérer la croissance au Sahel par une forte relance de l’agriculture irriguée ».

En dépit « des conditions rudes et dures dans le Sahel, cette région offre de vraies opportunités. Elle est traversée par de vastes fleuves internationaux: Sénégal, Niger » notamment, et la maîtrise de l’eau pour l’agriculture « est un défi concret que nous devons relever ensemble », a affirmé M. Diop, en lançant un appel à une coalition « pour une amélioration durable de la condition des populations du Sahel ».

Pour lui, il faudrait cependant « tirer aussi les leçons du passé » car, a-t-il expliqué, « l’irrigation au Sahel a fait l’objet d’importants financements dans les décennies 1970-1990 », financements qui se sont taris « pour de multiples raisons, notamment un retour sur investissement jugé décevant ».

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« Il est maintenant temps de se réengager pour relancer ce secteur à la lumière de facteurs objectifs: extrême vulnérabilité des cultures pluviales, augmentation toujours très forte de la population, augmentation des prix agricoles au plan international, etc. Il faut donc oeuvrer sur plusieurs fronts pour inverser les contre-performances des décennies passées », a poursuivi M. Diop.

Selon lui, cela est possible notamment en réduisant les coûts d’investissement, en créant environnement favorable aux acteurs publics et privés, ou encore en intégrant les producteurs de cultures irriguées dans des filières agricoles compétitives.

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Le président sénégalais Macky Sall a aussi souligné dans son discours le « paradoxe » de la région sahélienne qui compte d’importantes ressources en eau mais peine à les maîtriser, d’après l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle).

« Seules 3% des terres arables sont irriguées dans l’espace sahélien », a noté M. Sall.

A la fin du forum, des représentants du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad) ont adopté une déclaration dans laquelle ils invitent leurs dirigeants à augmenter les investissements pour l’irrigation pour relever le défi lancé par M. Diop: faire passer les terres irriguées au Sahel de 400. 000 ha actuellement à 1 million d’ha en 2020, d’après l’APS.

Selon eux, seulement 20% du potentiel d’irrigation est actuellement exploité dans les pays du Sahel et un grand nombre des systèmes existants ont besoin d’être réparés.

D’après un document de la BM, « en 2012, environ 17 millions de personnes dans le Sahel ont été confrontées à l’insécurité alimentaire due à une combinaison de la sécheresse, l’accessibilité limitée aux denrées alimentaires, les prix élevés des céréales, la dégradation de l’environnement, les déplacements et les conflits ».

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