Niger : les magistrats dénoncent « l’immixtion » du régime dans « le traitement de dossiers judiciaires »

Les magistrats du Niger ont dénoncé dimanche les « immixtions » de plusieurs membres influents du régime dans « le traitement de dossiers judiciaires », dont la très sensible affaire de trafic de bébés impliquant l’opposant Hama Amadou, incarcéré depuis deux semaines.

Hama Amadou, à Paris, le 13 janvier 2014 © Vincent Fournier/J.A.

Hama Amadou, à Paris, le 13 janvier 2014 © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 29 novembre 2015 Lecture : 2 minutes.

« Nous dénonçant le silence (…) du président nigérien (Mahamadou Issoufou) devant les immixtions de ses ministres dans le traitement des affaires judiciaires », a déclaré dans un communiqué le Syndicat autonome des magistrats du Niger (SAMAN), lu sur les radios et télévisions indépendantes.

Les magistrats accusent notamment, Bazoum Mohamed, ministre d’Etat à la Présidence et chef du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), d’avoir tenu des « propos injurieux », « jetant le discrédit » sur « le corps de la magistrature » dans un entretien publié cette semaine dans l’hebdomadaire Jeune Afrique.

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Dans cette interview, Bazoum Mohamed a déclaré qu’il ne voyait « pas comment on peut considérer que Hama Amadou peut échapper à une condamnation ».

« Cela a pris du temps car il a pu bénéficier de complicités au sein de la justice au début de l’affaire », a-t-il ajouté.

« Il (Bazoum Mohamed) s’est permis au mépris de la présomption d’innocence de spéculer et d’imaginer la nature de la décision que rendra le juge en charge d’une affaire (ndlr: trafic de bébés) pendante devant les juridictions », s’est insurgé le SAMAN.

M. Mohamed a également « mis en cause l’intégrité » des juges en insinuant « qu’ils ont sciemment fait retarder les choses contre de l’argent », a relevé ce syndicat.

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Le SAMAN « ne saurait tolérer » ces « allégations mensongères » et « se réserve le droit de porter plainte », a averti le syndicat.

Hama Amadou, candidat à la présidentielle de 2016, a été arrêté le 14 novembre dès sa descente d’avion à Niamey lors de son retour au Niger après un an d’exil en France après sa mise en cause dans un trafic de bébés avec le Nigeria.

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L’opposant a toujours dénoncé un « dossier politique » alors que le gouvernement parle d’un « dossier de droit commun ».

Fin avril, les magistrats du Niger ont déjà porté plainte pour « outrage » contre Hassoumi Massaoudou, le ministre de l’Intérieur, après qu’il eut qualifié de « suspect » la décision d’un juge de se déclarer « incompétent » pour juger l’affaire sur le trafic de bébés.

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