Génocide rwandais : Ladislas Ntaganzwa transféré à Kinshasa
Le génocidaire rwandais présumé Ladislas Ntaganzwa, arrêté jeudi dans l’est de la République démocratique du Congo, a été transféré vendredi à Kinshasa, où la justice congolaise compte l’interroger, a annoncé à l’AFP le ministre de la Justice congolais Alexis Thambwe Mwamba.
« Ladislas Ntaganzwa est à Kinshasa », a déclaré M. Thambwe Mwamba, « il est dans une cellule de la police, nos services vont l’interroger ».
Les autorités congolaises accusent M. Ntaganzwa, arrêté au Nord-Kivu, province de l’est de la RDC frontalière du Rwanda, d’être un des chefs des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), milice hutu rwandaise implantée depuis des années dans l’Est de la RDC et accusée de nombreuses atrocités contre des civils.
Jusqu’à son arrestation, dans la nuit de samedi à dimanche, M. Ntaganzwa était l’un des neuf anciens responsables rwandais inculpés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) encore en fuite. Cette institution a été créée pour juger les responsables et les acteurs du génocide de 1994 au Rwanda, qui selon l’ONU a fait 800 000 morts, principalement Tutsi.
M. Ntaganzwa est poursuivi pour « entente en vue de commettre le génocide, génocide, complicité de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide et crimes contre l’humanité ». Il doit être jugé par la justice rwandaise, à qui le TPIR a transféré son dossier en mai 2012.
« Nous saisirons le gouvernement rwandais qui avait émis un mandat d’arrêt international contre lui », a affirmé M. Thambwe Mwamba, mais « l’extradition c’est [pour] plus tard ».
La RDC entretient des relations diplomatiques difficiles avec son petit voisin rwandais, qui a envahi le pays par deux fois, directement ou par milices interposées lors des deux guerres du Congo (1996-1997 et 1998-2003). Après ces deux conflits qui ont laissé la RDC exsangue, Kigali a soutenu une succession de rébellions à dominantes tutsi dans l’est congolais et Kinshasa accuse régulièrement le Rwanda de déstabiliser sa façade orientale.
Le gouvernement rwandais, de son côté, accuse Kinshasa de ne rien faire pour mater les FDLR, qu’il considère toujours comme une menace stratégique majeure, en dépit du fait que ce mouvement, opposé au pouvoir du président rwandais Paul Kagame n’a pas lancé d’offensive majeure sur le sol rwandais depuis des années.
Selon l’armée congolaise, M. Ntaganzwa a été arrêté à la suite d’une opération contre les FDLR dans le cadre de l’offensive militaire lancée au début de l’année par la RDC sans le soutien des Casques bleus de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco), et dont la communauté internationale dit être incapable de vérifier les résultats annoncés par Kinshasa, selon qui la milice compterait aujourd’hui moins de 400 combattants.
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