CPI: Paul Kagame dénonce une justice internationale « sélective »
La Cour pénale internationale (CPI) représente une justice « sélective » aux mains des nations puissantes, a dénoncé mardi le président rwandais Paul Kagame, dont le pays n’a pas adhéré au Statut de Rome, traité fondateur de la CPI.
« Ce monde est divisé en catégories, il y a des gens qui ont le pouvoir d?utiliser la justice internationale ou le droit international pour juger les autres, mais ils ne se les appliquent pas », a affirmé le président rwandais au cours d’une conférence de presse.
« Il n?est pas possible d?avoir un système international qui est supposé offrir une justice et qui au final le fait de manière sélective ou politique », a-t-il estimé.
Fin septembre, le président Kagame avait sévèrement critiqué la CPI devant l’Assemblée générale de l’ONU, l’accusant d’humilier les Africains et dénonçant les poursuites pour crimes contre l’humanité lancées depuis 2011 contre le président kényan Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto.
« La CPI a fait preuve de préjugés à l’égard des Africains. Au lieu de promouvoir la justice et la paix, elle a négligé les efforts de réconciliation en humiliant les Africains et leurs leaders pour servir les intérêts politiques des puissants », avait-il lancé.
« Les procès en cours contre les président et vice-président kényans le démontrent comme une évidence (. . . ) Les Nations unies et le Conseil de sécurité doivent étudier cette situation mais également la question plus large de la compétence universelle », avait-il ajouté.
Mardi, M. Kagame a affirmé que la position rwandaise à l’égard de la CPI n’était pas liée aux poursuites contre l’exécutif kényan, élu en mars dernier, « mais le (cas du) Kenya est un bon exemple des problèmes que nous avons eu avec la CPI », a-t-il précisé.
L’Union africaine (UA) a demandé samedi l’ajournement des poursuites contre MM. Kenyatta et Ruto.
L’organisation panafricaine a critiqué la CPI pour n’avoir poursuivi ou jugé que des Africains depuis le début de ses travaux en 2002 et estimé que l’immunité dont jouissent les dirigeants en exercice devrait s’appliquer également devant la CPI.
Le traité de Rome stipule cependant qu’aucune immunité ne peut être opposée à la CPI.
Le président rwandais a également dans le passé critiqué le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), l’accusant d’être parfois trop clément vis-à-vis des responsables présumés du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, auquel le Front patriotique rwandais (FPR) de Kagame avait mis fin.
Mais il avait finalement admis qu’avoir ce tribunal onusien, également jugé parfois partial par des analystes pour n’avoir poursuivi aucun membre du FPR après leur arrivée au pouvoir, valait mieux que de n’avoir aucun mécanisme judiciaire international pour juger les génocidaires présumés.
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