Côte d’Ivoire: le HCR recense au moins 700.000 apatrides
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) a indiqué jeudi à l’AFP avoir recensé au moins 700. 000 apatrides en Côte d’Ivoire, un pays où la question de la nationalité, à l’origine de violences ces dernières décennies, reste un thème épineux.
« C’est un chiffre estimatif », a déclaré Serge Ruso, le représentant adjoint du HCR en Côte d’Ivoire. Le chiffre réel doit « certainement » être « au-delà » des 700. 000 apatrides vivant en Côte d’Ivoire.
Un spécialiste de cette question, interrogé par l’AFP sous couvert d’anonymat, a de son côté estimé le nombre de personnes « à risque d’apatridie » à « plus d’un million ». « Mais qu’il y en ait, deux, trois ou quatre millions, je ne saurais le dire », a-t-il poursuivi.
Les apatrides sont nombreux en Côte d’Ivoire du fait de la non-régularisation des enfants à l’état-civil sur plusieurs générations.
« Vous avez un enfant, vous ne le faites pas enregistrer. Lui-même a un enfant. Il ne l’enregistre pas non plus. Le risque d’apatridie est fort », a expliqué M. Ruso.
D’après l’UNICEF, 2,8 millions de mineurs ne sont pas déclarés à l’état-civil ivoirien, soit un quart des moins de 18 ans. Le Ministère de l’Education nationale ivoirien chiffre à 750. 000 le nombre d’élèves sans acte de naissance.
Autre catégorie d’apatrides, les descendants de migrants venus en Côte d’Ivoire entre l’indépendance en 1960 – quand le droit du sol était appliqué, toute personne née sur le territoire ivoirien devenait de fait Ivoirienne – et 1972, quand le pays s’est converti au droit du sang, en vertu duquel naît Ivoirien l’enfant d’un Ivoirien. Ils ont perdu toute nationalité si leurs parents n’ont pas fait les démarches nécessaires, a ajouté Serge Ruso.
« Il y a peut-être plus d’apatridie en Côte d’Ivoire que dans d’autres pays, mais ce n’est pas un problème d’immigration », a observé le représentant adjoint du HCR.
La Côte d’Ivoire, qui a adhéré le 3 octobre aux convention onusiennes sur l’apatridie, entamera un recensement de sa population en 2013, qui permettra de faire la vérité sur ces chiffres.
La question de la nationalité reste très polémique en Côte d’Ivoire, où l’ »ivoirité » a fait des ravages dans les années 1990-2000, empêchant notamment la candidature de l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara à l’élection de 1995 et causant des violences dans tout le pays.
Fin août, les députés ivoiriens ont voté une loi facilitant l’acquisition de la nationalité pour les individus nés entre 1960 et 1972 et leurs enfants. La presse d’opposition a alors accusé le pouvoir de « brader » le passeport ivoirien.
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