Burkina : assaut terminé à l’hôtel Splendid de Ouagadougou

Les faits : un commando jihadiste a lancé vendredi soir une attaque sanglante sur un restaurant, le Cappuccino, et un hôtel de Ouagadougou, le Splendid, fréquentés par des Occidentaux, faisant au moins une vingtaine de morts et prenant des otages, une opération revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique moins de deux mois après une attaque similaire au Mali. L’assaut lancé dans la nuit sur le Splendid et le Cappuccino a pris fin samedi matin, mais un autre assaut sur l’hôtel Ybi situé à côté du restaurant est en cours.

Des gendarmes français en intervention dans l’hôtel Splendid à Ouagadougou, le 15 janvier 2016. © Nabil el Hadad

Des gendarmes français en intervention dans l’hôtel Splendid à Ouagadougou, le 15 janvier 2016. © Nabil el Hadad

Publié le 16 janvier 2016 Lecture : 4 minutes.

« 126 personnes, dont au moins 33 blessées, ont été libérées. Trois jihadstes, un Arabe et deux Négro-africains, ont été tués », a affirmé le ministre de l’Intérieur Simon Compaoré précisant : « Les assauts sur l’hôtel Splendid et le (café-restaurant) Cappuccino (situé en face du Splendid) sont terminés. Mais, un assaut est toujours en cours sur l’hôtel Yibi » situé juste à côté du Cappuccino et actuellement en travaux.

Juste avant 02h00 (locale et GMT), « l’assaut a commencé » sur l’hôtel Splendid, établissement de luxe du centre de la capitale burkinabè où plusieurs assaillants étaient retranchés, a tweeté l’ambassadeur de France, Gilles Thibault. Il s’est poursuivi une bonne partie de la nuit avant de prendre fin au matin. Selon les premières informations disponibles, 126 personnes ont été libérées, dont 33 blessés, 3 jihadistes tués.

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« Les différentes composantes des forces armées et de sécurité se sont réparti les missions », a indiqué le diplomate, alors que des militaires français étaient notamment sur les lieux, où un correspondant de l’AFP entendait des tirs sporadiques.

Vers 04h30 GMT, alors que l’assaut était en cours, un ministre burkinabè a annoncé que 30 personnes avaient pu sortir « saines et sauves » de l’hôtel et que 33 blessés avaient été évacués. Parmi les 30 personnes indemnes figure le ministre du Travail Clément Sawadogo, présent à l’hôtel au moment de l’attaque, a déclaré à l’AFP le ministre de la Communication, Rémis Dandjinou.

« Il y a des morts mais nous n’avons pas de chiffres », a encore déclaré M. Dandjinou. « L’assaut est en cours avec les forces burkinabè appuyées par les forces spéciales françaises ».

Des forces spéciales françaises sont stationnées dans la banlieue de Ouagadougou dans le cadre de la lutte anti-jihadiste dans le Sahel. Washington dispose également de 75 militaires dans le pays, et a indiqué apporter un soutien aux forces françaises dans l’opération.

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Des tirs intenses ont retenti sans arrêt pendant cinq minutes vers 05h00 dans les étages supérieurs de l’hôtel Splendid, où les forces burkinabè appuyées par les forces françaises donnaient l’assaut, a constaté un journaliste de l’AFP.

Le Splendid, qui compte 147 chambres, est fréquemment utilisé par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes. Des contrôles de sécurité étaient en place à l’entrée, mais n’ont pu empêcher l’irruption des assaillants vers 19h45, quand des tirs nourris et des détonations ont éclaté.

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Le commando a également visé un restaurant voisin, le Cappuccino, lui aussi prisé de la clientèle expatriée, dont l’attaque a fait « plusieurs morts », selon un employé joint par l’AFP. « Sur la terrasse du Cappuccino, les sapeurs-pompiers ont vu une dizaine de cadavres », a déclaré à l’AFP le ministre de l’Intérieur, Simon Compaoré, qui a indiqué que le nombre d’assaillants était encore incertain.

Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou a fait état d’un premier bilan global d’au moins « une vingtaine de morts ». Il a cité une blessée selon laquelle il y avait parmi les morts « plus de Blancs que de Noirs ».

Assaillants enturbannés

Un journaliste de l’AFP a pu distinguer au début de l’attaque trois hommes armés et enturbannés, un témoin indiquant de son côté avoir vu quatre assaillants « enturbannés et de type arabe ou blanc ».

Forces de l’ordre et secours ont bouclé le quartier, où une dizaine de voitures incendiées brûlaient dans la nuit.

L’attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l’a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, rallié à Aqmi, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.

L’ambassade de France avait évoqué très rapidement une « attaque terroriste », mettant en place un numéro d’urgence pour la communauté française. Le vol Air France Paris-Ouagadougou a été dérouté vers le Niger voisin.

Cette attaque inédite dans la capitale burkinabè constitue un défi pour le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, récemment élu après une transition souvent chaotique à la tête de ce pays à la population majoritairement musulmane (60%).

Le Burkina, « point d’appui permanent » de l’opération militaire française Barkhane, a par contre déjà été la cible d’opérations jihadistes.

Une première attaque avait d’ailleurs eu lieu vendredi après-midi dans le nord du pays, près de la frontière malienne, au cours de laquelle un gendarme et un civil ont été tués, a indiqué dans la soirée l’armée burkinabè.

Plusieurs attaques de ce type ont eu lieu ces derniers mois. En avril 2015, le chef de sécurité roumain de la mine de manganèse de Tambao (nord) a été enlevé, une action revendiquée par Al-Mourabitoune. On est sans nouvelles de lui.

Comme à Bamako

L’opération de vendredi survient un peu moins de deux mois après celle de l’hôtel Radisson Blu à Bamako. Le 20 novembre, une attaque jihadiste avait fait 20 morts dont 14 étrangers dans la capitale malienne. Des hommes armés avaient retenu en otages pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés, avant une intervention des forces maliennes, appuyées par des forces spéciales françaises et américaines et des agents de l’ONU. Deux assaillants avaient été tués.

L’opération de Bamako a été revendiquée par deux groupes jihadistes: le 20 novembre par Al-Mourabitoune et le 22 novembre par le Front de libération du Macina (FLM, mouvement jihadiste malien).

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