Niger : l’opposition annonce un « boycott actif » du second tour de la présidentielle

L’opposition nigérienne, dont le candidat emprisonné Hama Amadou doit affronter le président sortant au second tour de l’élection présidentielle le 20 mars, a annoncé vendredi un « boycott actif » du scrutin.

Un partisan de l’opposition emprisonné, Hama Amadou, à Niamey, le 18 février 2016. © Issouf Sanogo/AFP

Un partisan de l’opposition emprisonné, Hama Amadou, à Niamey, le 18 février 2016. © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 12 mars 2016 Lecture : 3 minutes.

Ce développement est intervenu alors que des informations, démenties par la suite, circulaient sur un éventuel transfert de M. Amadou de sa prison de Filingué, dans l’ouest du Niger, vers la capitale Niamey.

Détenu depuis quatre mois, Hama Amadou, ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée, est accusé de trafic d’enfants dans un dossier de « droit commun » selon le pouvoir, mais emprisonné pour une raison « politique » selon le candidat.

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La Coalition pour l’alternance (Copa 2016), qui soutient la candidature de Hama Amadou, a annoncé que l’opposition avait décidé de boycotter le second tour, lors duquel le président sortant Mahamadou Issoufou brigue un nouveau mandat.

« Nous allons entrer dans un boycott actif », a affirmé lors d’une conférence de presse le porte-parole de la Copa 2016, Ousseïni Salatou. « Cette élection sera une élection où Mahamadou Issoufou sera en face d’un candidat fantôme ».

La Copa 2016 avait critiqué le premier tour de l’élection en accusant le pouvoir de « fraude ». Elle avait déclaré mardi avoir décidé de « suspendre sa participation au processus électoral en cours » avant le second tour du 20 mars.

Un des avocats de M. Amadou avait toutefois indiqué jeudi que l’opposant restait candidat au second tour. « Hama est bien partant pour l’élection », avait déclaré à l’AFP cet avocat, Me Mossi Boubacar.

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« Nous avons demandé à nos militants et à l’ensemble des patriotes de ne pas battre campagne et de ne pas sortir le 20 mars », a indiqué vendredi le porte-parole de la Copa 2016.

« Hama (Amadou) ne votera pas le 20 mars, la Copa ne votera pas », a insisté Ousseïni Salatou, soulignant que cette décision avait été prise « en rapport avec M. Amadou ».

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Au premier tour de la présidentielle, le 21 février, M. Amadou a obtenu 17,79% des suffrages contre 48,41% au président Issoufou.

Il est détenu depuis le 14 novembre à la prison de Filingué, à 180 km au nord de la capitale.

Un élu de son parti a annoncé vendredi à l’AFP qu’il avait été transféré momentanément hors de sa prison pour des soins. Ce député du Moden, Salah Amadou, avait affirmé dans un premier temps que M. Amadou avait été transféré par la route de Filingué vers Niamey.

En fait, « Hama Amadou a été amené au dispensaire de Filingué sous bonne escorte sécuritaire pour des soins en présence de son médecin traitant et ensuite ramené dans sa cellule », a déclaré le même député.

Selon le porte-parole de la Copa 2016, « après plusieurs péripéties », une l’évacuation sanitaire de M. Amadou, initialement prévue « par hélicoptère » puis « par la route », a été « annulée par une autorité du régime ».

Hama Amadou, qui « souffre des yeux », « était malade depuis un moment et cela s’est compliqué hier (jeudi) », selon le porte-parole.

Le 2 mars, la Copa a réclamé la libération de l’opposant afin qu’il puisse mener sa campagne et affronter en « toute régularité » le président sortant. Ses avocats ont déposé une demande de mise en liberté provisoire qui sera examinée le 14 mars par la justice.

Selon un analyste local, « l’opposition se sait vaincue d »avance », et par son boycott « stratégique », elle « mise sur un faible taux de participation qui ternirait la crédibilité de l’élection du futur président ».

« Une abstention importante et un score +stalinien+ du président sortant seraient une victoire pour l’opposition », et une réélection dans ces conditions « peut éventuellement bénéficier de peu de crédit aux yeux de de la communauté internationale », estime-t-il.

Une réélection le 20 mars risque « d’être une victoire sans éclat », soutient le politologue Souley Adji sur une télévision locale.

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