La Namibie redécouvre le chien de berger pour protéger les guépards

Dans une ferme de Namibie, Bonzo le berger d’Anatolie a une mission bien particulière: protéger son troupeau de chèvres des guépards.

La Namibie redécouvre le chien de berger pour protéger les guépards © AFP

La Namibie redécouvre le chien de berger pour protéger les guépards © AFP

Publié le 27 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Elevé par des écologistes pour dissuader les paysans de tuer ces fauves, ce chien a transformé les habitudes, en aidant les humains à ne plus considérer les bêtes sauvages comme des ennemis.

« Les chiens protègent le troupeau, de sorte que les agriculteurs n’ont pas à tuer les prédateurs », résume Laurie Marker, la directrice du Cheetah Conservation Fund (Fonds de protection des guépards, CCF), qui élève ces chiens originaire de Turquie près de la ville d’Otjiwarongo (nord).

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« C’est une méthode de contrôle des prédateurs non létale. Elle est écologique, tout le monde est content, c’est gagnant-gagnant. « 

Le CCF a tout simplement réinventé et adapté à la Namibie le concept ancestral du chien de berger, avec des bergers d’Anatolie –aussi appelés kangals–, des animaux réputés pour leur force et leur capacité à résister aux températures extrêmes.

Les chiens sont placés avec un troupeau alors qu’ils n’ont que quelques semaines, afin qu’ils puissent se lier avec le bétail. Ils vivent en permanence avec les animaux, sortent avec eux tous les jours pour éloigner les prédateurs et dorment avec eux chaque soir.

Le Fonds a commencé à élever des chiens quand la baisse de la population des guépards est devenue franchement alarmante en Namibie: quelque 10. 000 grands félins –l’équivalent de la population mondiale actuelle– ont été tués ou expulsés de leurs territoires dans les années 1980. Jusqu’à un millier de guépards étaient alors abattus tous les ans, principalement par des agriculteurs qui voyaient en eux des tueurs de bétail.

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En dix-neuf ans, le CCF a placé environ 450 chiens, et quelque 3. 000 agriculteurs ont été formés.

« Nous avons une diminution de la perte de bétail de 80 à 100%, quel que soit le prédateur, quand les agriculteurs ont les chiens », se réjouit Laurie Marker.

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Il y a maintenant deux ans de liste d’attente pour obtenir un chien, et le programme a été étendu à d’autres pays, Afrique du Sud et bientôt Tanzanie.

Pour Retha Joubert, qui élève des chèvres et des moutons près de Gobabis (est), tout a changé avec l’arrivée de Bonzo il y a cinq ans. Elle a cessé de veiller la nuit dans l’inquiétude, et n’a perdu qu’un animal l’an dernier, contre 60 en 2008.

La fermière élève maintenant !Nussie, un chiot de quatre mois qui apprend les ficelles du métier en sortant avec le troupeau tous les jours, tenu en laisse par un berger, et dort avec le bétail la nuit.

« Elle (!Nussie) doit s’associer avec les chèvres, elle doit être une chèvre, elle fait partie d’un groupe, et c’est le principal élément pour qu’elle protège les animaux », explique Retha Joubert.

« Ils ne sont pas des animaux de compagnie », dit-elle de ses deux chiens. « Ils n’ont pas le droit d’être des animaux de compagnie! »

La présence des chiens et leurs aboiements suffisent généralement pour éloigner les prédateurs, qui s’attaqueront plus volontiers à des troupeaux dépourvus de gardes du corps. Mais il faut parfois se battre: Bonzo a ainsi tué des chacals et un jeune guépard.

Reste que garder des troupeaux en Namibie n’est pas sans danger: le valeureux chien a été mordu par des serpents et piqué par un scorpion, et a maintenant un cancer de la langue provoqué par la constante exposition au soleil.

En outre, les chiens de bergers ne sont pas adaptés aux vastes élevages de bovins et aux nombreuses exploitations privées où paissent des antilopes.

Si c’est pour protéger les guépards que le Cheetah Conservation Fund a commencé à élever des bergers d’Anatolie en 1994, les études montrent cependant que les grands félins ne sont pas forcément les principaux tueurs de bétail, malgré leur réputation.

L’analyse de leurs excréments a montré que seuls 5% d’entre eux avaient attaqué des animaux de ferme.

« Ils s’en prennent parfois au bétail », note Gail Potgieter, spécialiste des conflits hommes-animaux sauvages à la Fondation namibienne pour la nature. « Mais le fait de dire que tous les guépards vont se mettre à tuer le bétail pour se nourrir est une idée fausse. « 

La population de guépards en Namibie a atteint un plus-bas d’environ 2. 500 en 1986. Elle est depuis remontée à quasiment 4. 000 spécimens, la plus grande concentration de guépards sauvages dans le monde.

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