Burundi: plainte contre l’ex-rebelle Rwasa pour le massacre de Gatumba
Des Congolais réfugiés au Burundi ont déplosé plainte contre Agathon Rwasa, chef historique récemment sorti du maquis de l’ancienne principale rébellion burundaise, pour le massacre en août 2004 de quelque 160 réfugiés du camp de Gatumba, à l’ouest de Bujumbura, selon une copie reçue par l’AFP.
La plainte, déposée le 13 août dernier auprès du procureur de la République, accuse Agathon Rwasa, chef historique des Forces nationales de libération (FNL) et son ex-porte-parole Pasteur Habimana, d’avoir commandité « le génocide, la dévastation et le pillage dans le camp de réfugiés situé à Gatumba dans la nuit du 13 août 2004 », faisant « 166 morts et 116 blessés ».
Elle a été rédigée par les chefs de la communauté banyamulenge (nom des tutsi de République démocratique du Congo) du Burundi. Contactés par l’AFP, ils ont refusé de s’exprimer dans l’immédiat, à l’instar des services du procureur.
A l’appui de leur plainte, ils citent « les aveux de M. Habimana sur les ondes tant nationales que internationales revendiquant ce crime ».
Les FNL avaient, par la voix de M. Habimana, immédiatement revendiqué le massacre dans les médias. Plusieurs sources avaient cependant affirmé à l’époque que des miliciens congolais Maï-Maï et des extrémistes hutus rwandais basés en RDC voisine avaient également participé à l’attaque du camp.
Contacté jeudi par l’AFP, M. Rwasa, réapparu publiquement le 6 août à Bujumbura après trois ans de maquis, a dénoncé une « manipulation » en vue de l’ »éliminer de la scène politique ».
« Je ne suis pas coupable de quelque chose en relation avec ce qui s’est passé à Gatumba », a-t-il affirmé. « S’il y a quelqu’un qui a revendiqué ça haut et fort, ils n’ont qu’à s’en prendre à lui », a-t-il poursuivi, faisant directement allusion à M. Habimana qui avait mené une fronde contre lui au sein des FNL en 2009.
Pasteur Habimana a de son côté nié toute responsabilité dans ce massacre, affirmant que sa voix avait « été imitée » lors de la revendication radiodiffusée. Il avait pourtant réitéré à plusieurs reprises la responsabilité des FLN dans l’attaque.
« Les banyamulenge ont causé des problèmes en RDC et au Rwanda, j’espère qu’ils ne veulent pas en poser également au Burundi », s’est-t-il emporté.
Les FNL, rébellion redoutée, exclusivement hutue, avaient signé en 2006 un accord avec le pouvoir burundais et Agathon Rwasa était rentré à Bujumbura. Il avait à nouveau rejoint la clandestinité en 2010, après avoir retiré son parti des élections générales de 2010, arguant de fraude.
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