Liberté de la presse, corruption: la Somalie inquiète l’ONU
L’ONU a exprimé dimanche son inquiétude à propos de la Somalie, où un projet de loi sur les médias obligerait les journalistes à révéler leurs sources, quelques jours après un rapport d’experts dénonçant la corruption dans le pays.
Dans un communiqué, le Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme appelle le gouvernement du président Hassan Cheikh Mohamoud à revoir un projet de loi obligeant les journalistes à divulguer leurs sources et leur interdisant de diffuser des informations considérées comme offensantes à l’égard de l’islam et aux traditions somaliennes, sous peine de suspension.
Ce texte, qui pourrait entrer en vigueur d’ici deux mois, est « vague » et « peut facilement être utilisé pour restreindre la liberté d’expression », dénonce le porte-parole du Haut commissariat, Rupert Colville.
Le président somalien est arrivé au pouvoir en septembre, fort du soutien de l’ONU et de la communauté internationale après huit ans d’un régime de transition chaotique. Il n’a qu’un autorité limitée sur le pays, les forces gouvernementales et de l’Union africaine affrontant toujours des insurgés islamistes shebab en perte de vitesse mais qui restent une menace au rétablissement de la paix dans une Somalie ravagée par plus de deux décennies de combats.
La corruption reste également un mal endémique dans le pays, selon un groupe d’experts de l’ONU qui dans un rapport a dénoncé les « irrégularités » dans la gestion de la banque centrale.
Elle fonctionne selon eux comme une « caisse noire » pour des individus qui disposent impunément des maigres ressources de l’Etat. Le budget de l’Etat somalien est estimé à 84 millions de dollars, dont près d’un tiers vient de l’aide internationale.
« Sous l’actuel gouvernement, entre septembre 2012 et avril 2013, 72% des retraits (d’argent de la banque centrale) ont été effectués pour le compte de personnes privées », dénonce les auteurs du rapport.
Si le ministre des Finances Mohamoud Hassan Suleiman « fait tous les efforts pour diminuer l’ampleur » de cette utilisation des fonds publics, celle-ci est « si répandue qu’elle est incontrôlable sans une restructuration profonde du système », affirment-ils.
Les experts pointent notamment la responsabilité du gouverneur de la banque centrale, Abdusalam Omer, qui dispose d’un passeport américain et est présenté comme un « personnage-clé de ces irrégularités ».
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