Soudan du Sud : nouveaux combats à Juba, la capitale

Les combats ont repris dimanche à Juba entre forces régulières et ex-rebelles, deux jours après des affrontements qui ont fait plus de 150 morts et terni le cinquième anniversaire de l’indépendance du Soudan du Sud, enlisé dans la guerre civile malgré un fragile accord de paix.

Un membre de la SPLA-IO (Armée d’opposition de libération du peuple soudanais) le 25 avril 2016 à Juba. © Albert Gonzalez Farran

Un membre de la SPLA-IO (Armée d’opposition de libération du peuple soudanais) le 25 avril 2016 à Juba. © Albert Gonzalez Farran

Publié le 10 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

« Coups de feu, échanges de tirs nourris de nouveau près de la Maison de l’ONU. Continuent depuis environ 08H25 » (05H25 GMT), a rapporté la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) sur son compte Twitter.

Ces combats interviennent deux jours après des affrontements qui ont fait plus de 150 morts dans la ville, selon les ex-rebelles, à la veille du 5e anniversaire de l’indépendance du dernier né des Etats de la planète.

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Les Nations unies gèrent un camp de déplacés victimes de la guerre civile qui oppose depuis décembre 2013 les forces fidèles au président Salva Kiir et celles de son rival, le vice-président Riek Machar.

Des soldats des deux parties sont stationnés près du camp de l’ONU et des habitants de la zone se sont réfugiés dans l’enceinte alors que l’ONU faisait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d’armes lourdes.

Un porte-parole de M. Machar a rejeté la responsabilité de ces nouveaux combats sur les soldats gouvernementaux. « Nos forces ont été attaquées sur la base de Jebel », a déclaré James Gatdet Dak, affirmant que l’assaut avait été repoussé. « Nous espérons qu’il n’y aura pas d’escalade », a-t-il dit.

Aucun bilan n’était disponible dans l’immédiat.

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Les violences, les premières à Juba depuis la signature d’un accord de paix en août 2015 entre MM. Kiir et Machar, ont débuté jeudi avec un accrochage qui a fait cinq morts parmi les soldats du camp présidentiel.

Les affrontements ont ensuite repris vendredi soir, faisant, « plus de 150 morts », selon un porte-parole de Riek Machar, Roman Nyarji. Les tirs d’armes automatiques, puis de mitrailleuses et d’artillerie lourde ont été entendus en plusieurs endroits de la capitale pendant environ une demi-heure. Ils ont ensuite cessé à la suite d’un appel conjoint des deux rivaux.

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Dans le cadre de l’accord de partage du pouvoir de l’an dernier, M. Machar est revenu, avec un fort contingent d’hommes armés, en avril à Juba où il a été réinstallé vice-président et a formé avec M. Kiir un gouvernement d’union nationale.

Mais sur le terrain, les hostilités se poursuivent dans plusieurs régions. Fin juin, un responsable d’une commission de surveillance du cessez-le-feu a qualifié le niveau des violences d’ »épouvantable ».

Sombre anniversaire

Les affrontements ont assombri le jour anniversaire, samedi, de l’indépendance conquise sur le Soudan après une longue guerre. L’accord de paix de l’an dernier ne tient qu’à un fil et la population n’a jamais eu aussi faim.

A la différence des années précédentes, aucune célébration de l’indépendance n’a été organisée, officiellement pour manque de fonds. La journée a été calme mais la tension est restée vive dans la capitale.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a d’ailleurs déconseillé samedi « tout voyage au Soudan du Sud » et a conseillé à ses ressortissants de quitter le pays.

« Le personnel de l’ambassade britannique (à Juba) est confiné et nous le réduisons au seul personnel essentiel », indiquait également le ministère sur son site internet.

Depuis décembre 2013, les combats entre forces pro Kiir et pro Machar ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts dans un conflit compliqué par des hostilités entre ethnies et des luttes au niveau local.

Ils ont provoqué une crise humanitaire, forçant près de trois millions d’habitants à fuir leurs foyers et quelque cinq millions, plus d’un tiers de la population, à dépendre d’une aide alimentaire d’urgence.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a dit cette semaine son « inquiétude » face à une situation qui « illustre encore une fois le manque d’engagement réel des parties dans le processus de paix, et représente une nouvelle trahison du peuple du Soudan du Sud, déjà victime d’épouvantables atrocités depuis décembre 2013 ».

L’International Crisis Group a récemment appelé les Etats garants de l’accord de paix à agir « de toute urgence » pour le sauver et pour « empêcher le pays de retomber dans un conflit à grande échelle ».

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