Mandela « dans un état grave mais stable » après quatre jours d’hôpital

L’état de Nelson Mandela, hospitalisé depuis quatre jours à Pretoria à 94 ans pour une infection pulmonaire à répétition, ne s’améliore toujours pas, a indiqué mardi la présidence sud-africaine, alors que l’ancien président a reçu une nouvelle visite de son ex-femme Winnie et de l’une de leurs filles.

Mandela « dans un état grave mais stable » après quatre jours d’hôpital © AFP

Mandela « dans un état grave mais stable » après quatre jours d’hôpital © AFP

Publié le 11 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

« L’ancien président est toujours dans un état grave mais stable », a déclaré la présidence, en précisant que « les médecins faisaient de leur mieux pour guérir Madiba », utilisant le nom de clan affectueusement utilisé en Afrique du Sud pour désigner le premier président noir du pays.

Le président Jacob Zuma a rencontré personnellement lundi soir l’équipe qui s’occupe de son illustre prédécesseur dans une clinique privée de Pretoria et les médecins lui « ont fourni un rapport détaillé », a précisé la présidence.

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Malgré ce nouveau bulletin de santé peu encourageant, M. Zuma lui-même n’a pas annulé les activités prévues à son agenda, et ses services ont précisé qu’il se trouvait ce mardi au Cap, à deux heures de vol, pour préparer un discours de présentation budgétaire devant le Parlement prévu le lendemain.

La clinique où est hospitalisé le héros de la lutte anti-apartheid, le Mediclinic Heart Hospital, est sous stricte surveillance policière depuis lundi soir. L’entrée est gardée par des policiers en faction, alors que les médias du monde entier continuent d’affluer.

« Les policiers sont là pour protéger les membres de sa famille qui lui rendent visite », a indiqué à l’AFP le commissariat du quartier de Sunnyside, apportant la première confirmation officielle indirecte que c’est bien dans cet établissement que Nelson Mandela est traité depuis samedi.

Des bulletins de santé au compte-gouttes

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La présidence sud-africaine refuse pour sa part de nommer l’établissement et livre des bulletins de santé au compte-gouttes et avec une régularité aléatoire.

L’ex-femme de Mandela, Winnie, est revenue voir mardi celui dont elle a été l’épouse vedette et un soutien politique actif jusqu’à leur divorce en 1996.

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Elle était accompagnée de la plus jeune de leurs deux filles, Zindzi, 53 ans, alors que l’Afrique du Sud semble se préparer à un dernier adieu.

« Qunu (le village d’enfance de Mandela, ndlr) se prépare au pire », titrait mardi le quotidien Sowetan.

Le premier président noir d’Afrique du Sud et prix Nobel de la paix, doit fêter ses 95 ans le 18 juillet.

Tout au long de sa vie, le héros de la lutte contre l’apartheid a toujours pris sa santé à coeur et été soucieux d’obéir aux prescriptions médicales. Mais les appels se multiplient désormais pour que les médecins ne s’acharnent pas outre mesure et préservent la sérénité de la fin de sa vie.

« Même en prison il faisait très attention et nous encourageait tous à faire régulièrement de l’exercice », rappelait l’an dernier son vieil ami « Kathy », Ahmed Kathrada. Il avait la conviction que « si on n’est pas en bonne santé, on ne peut pas avoir des responsabilités, politiques ou autres », rappelait-il.

Malgré cette discipline, Nelson Mandela souffre des séquelles d’une tuberculose contractée pendant ses années de réclusion sur l’île-bagne de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de prison sous l’apartheid.

L’humidité en cellule et la poussière de chaux inhalée pendant les heures de travaux forcés dans une carrière de ce pénitencier de haute sécurité ont durablement endommagé ses poumons.

Mandela n’est plus apparu en public depuis la coupe du monde de football organisée par son pays en 2010, et depuis 2011, il en est à son quatrième séjour à l’hôpital pour un problème pulmonaire ou respiratoire, sans compter un check-up en mars dernier.

Sa dernière hospitalisation, qui a duré dix jours, remonte à fin mars début avril.

Des images de lui avaient ensuite été diffusées par l’ANC (au pouvoir), le montrant très affaibli, impassible, assis sur un fauteuil, les jambes cachées par une couverture, posées à plat sur un repose-pieds, la peau du visage parcheminée et le regard fixe, avec des visiteurs tout sourire autour de lui.

Nelson Mandela, bien que retiré de la vie publique depuis des années, reste le symbole d’une Afrique du Sud unie par delà ses divisions raciales encore obsédantes. Il incarne le miracle d’un pays passé d’un régime ségrégationniste aux tendances dictatoriales à la démocratie en 1994.

Beaucoup de Sud-Africains se sentent infiniment redevables de son combat, toujours mené collectivement. Qu’il s’agisse de la majorité noire qui a pu voter pour la première fois le 27 avril 1994 ou de tous ceux dont la vie a changé. « Où serons-nous quand il ne sera plus là? », interrogeait mardi Nomishini Krexa, une femme de mineur, originaire de Qunu dans les colonnes du Star mardi.

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