Johannesburg veut devenir « la New York de l’Afrique »

Johannesburg, poumon économique et ville la plus riche de l’Afrique du Sud, se prépare à des efforts de rénovation sans précédent pour devenir la « New York de l’Afrique » et pallier l’insuffisance de transports, de logements et l’éclatement du tissu urbain hérité de l’apartheid.

Johannesburg veut devenir « la New York de l’Afrique » © AFP

Johannesburg veut devenir « la New York de l’Afrique » © AFP

Publié le 7 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

« Dans les mois et les années qui viennent, certains endroits de Johannesburg vont ressembler à un énorme chantier », affirme le maire Parks Tau, qui parle d’une « ère nouvelle » pour sa ville de 4,4 millions d’habitants, bâtie à partir de la fin du 19e siècle sur ses richesses minières.

Siège de nombreuses grandes entreprises, Johannesburg a les moyens de ses ambitions, avec des recettes publiques en hausse rapide (+4,2% par an entre 1996 et 2011, contre +3,3% en moyenne nationale).

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Un total de 100 milliards de rands (8 milliards d’euros) doivent être investis dans la prochaine décennie. Non sans inquiéter l’opposition qui observe que pour la troisième année consécutive, la ville a écopé d’un avis négatif de l’instance nationale de contrôle de la gestion publique.

Des axes de transports doivent prendre forme pour relier les différents coins de la ville et assurer des correspondances – train, taxis, vélo – ainsi que de nouveaux quartiers d’habitations à forte densité, baptisés « couloirs de la liberté ».

« C’est une étape majeure qui doit renverser les inégalités causées par le régime de l’apartheid » (système de discrimination raciale officiellement aboli en 1991), affirme M. Tau, dans un entretien à l’AFP.

Il s’agit de « réinventer » la ville, dit-il, et de la « transformer en New York de l’Afrique », ce qu’elle avait déjà été pendant la majeure partie du 20e siècle.

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La ville se caractérise par une urbanisation à l’américaine. Elle n’est plus, loin s’en faut, l’une des villes les plus peuplées d’Afrique, alors qu’elle était l’une des deux premières mégalopoles dans les années 1960. Les rues de Kinshasa, de Lagos ou du Caire grouillent bien davantage de monde.

Le régime raciste de l’apartheid a freiné l’urbanisation, rasé des quartiers reconstruits pour la minorité blanche, et sectionné l’espace. Les distances entre les zones résidentielles, dessinées à l’époque de la ségrégation raciale pour éloigner la majorité noire et l’isoler par des no man’s land, sont longues à parcourir, jusqu’à deux heures du nord au sud.

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Johannesburg est aussi victime du sous-investissement dans les transports en commun pendant les années de l’apartheid.

Gratte-ciel et bidonvilles

Vingt ans plus tard, il est plus que temps que la municipalité se réveille, estiment des experts, comme l’architecte Alison Todes de l’université de Witwatersrand, et des années vont s’écouler avant que la ville ne parvienne à réduire son empreinte carbone.

« La ville est très étendue, beaucoup de gens utilisent leurs voitures. Moins de temps de transport et moins de voitures seront une bonne chose pour l’environnement », dit-elle.

La ville a inauguré en 2011 un train local express, reliant Johannesburg à Pretoria, 50 kilomètres plus au nord, mais ce réseau « Gautrain » d’une propreté impeccable a une desserte encore limitée, et reste financièrement inabordable pour beaucoup.

La seule alternative pour la majorité moins aisée est le réseau de minibus privés à horaire et sécurité aléatoires, ou des trains vieillissants.

Les autres grands défis importants sont le logement et la criminalité.

Johannesburg est cernée un peu partout par des bidonvilles où s’entassent près d’un demi-million de personnes. Les nouvelles résidences ultra-modernes et sécurisées construites dans un faux style toscan succèdent, sans transition, à des masures de briques et de tôles, sans eau ni électricité. Et les listes d’attente pour obtenir un logement subventionné par l’Etat s’allongent depuis 1996.

« On ne peut pas prétendre jouer dans la catégorie des grandes villes de la planète quand on a encore des gens vivant dans la misère », reconnaît le maire.

La criminalité galopante des années 1990 avait poussé le centre financier, le plus important d’Afrique, à quitter les gratte-ciel du Central Business District pour aménager dans le quartier neuf de Sandton, devenu le nouveau QG de la bourse de Johannesburg.

Seules quelques compagnies minières et bancaires n’avaient pas suivi le mouvement et peuvent aujourd’hui se féliciter d’être restées. Depuis 2009, la ville paye des services de vigiles, parfois en partenariat avec les riverains.

Après vingt ans de déclin, ses rues redeviennent progressivement fréquentables. Les prix au mètre carré de ses immeubles à l’architecture inspirée de la Chicago des années 1930 et 40 remontent en flèche. Et les initiés n’hésitent plus désormais à prendre un verre, au coude à coude avec tout ce que Johannesburg compte de créateurs, d’étudiants et autres victimes de la mode.

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