Ouganda : la Gay Pride reportée après les menaces du ministre de l’Éthique

Les organisateurs de la Gay Pride de Kampala ont annoncé vendredi le « report » de l’événement, affirmant que le ministre de l’Éthique d’Ouganda, pays notoirement homophobe, avait menacé d’arrêter tous les participants et suggéré qu’ils pourraient être violentés.

Des homosexuels kényans manifestent contre le durcissement des lois anti-gay au Kenya et en Ouganda, le 10 février 2014. Photo d’illustration. © Ben Curtis/AP/SIPA

Des homosexuels kényans manifestent contre le durcissement des lois anti-gay au Kenya et en Ouganda, le 10 février 2014. Photo d’illustration. © Ben Curtis/AP/SIPA

Publié le 6 août 2016 Lecture : 2 minutes.

« En tant que comité, nous avons décidé de reporter les événements restants« , prévus samedi et dimanche, ont indiqué les organisateurs dans un communiqué, se disant optimistes quant à l’issue de négociations en cours avec de « hauts responsables du gouvernement ».

« Nous communiquerons les nouvelles dates dès que les négociations seront achevées », ont-ils précisé.

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La décision a été prise après une rencontre entre l’avocat des organisateurs Nicholas Opiyo, le ministre de l’Éthique Simon Lokodo et un représentant de la police.

L’avocat a assuré à l’AFP que le ministre avait ordonné l’annulation des activités. Il aurait en outre averti que si ces dernières avaient lieu, la police arrêterait tous les participants et que des citoyens seraient mobilisés pour « défendre les valeurs morales de l’Ouganda ».

Le ministre, qui n’avait pas réagi dans l’immédiat à ces affirmations, aurait déclaré que « si les participants devaient être frappés, ce serait entièrement de leur faute », selon Me Opiyo.

Une parade était notamment prévue ce week-end, a-t-on appris auprès des organisateurs, qui n’ont pas précisé si cette dernière devait être organisée dans un lieu public ou privé.

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« Le ministre n’a aucun droit pour donner ou retirer l’autorisation d’organiser une parade », a déclaré Frank Mugisha, directeur de l’ONG Minorités sexuelles Ouganda. « C’est un abus de pouvoir et la police le laisse faire ».

L’ambassadeur des États-Unis en Ouganda, Deborah Malac, a pour sa part souligné que « l’ambassade est aux côtés de la communauté LGBT et des Ougandais, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs croyances, pour défendre la dignité de tous les citoyens ».

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Jeudi soir, la police ougandaise avait effectué une descente dans un club de Kampala où était organisé une élection de « Miss et Mister Pride » dans le cadre des festivités en amont de la parade de ce week-end. Une vingtaine d’organisateurs avaient été interpellés pour « rassemblement illégal », puis relâchés.

Une personne a été grièvement blessée en sautant depuis une fenêtre pour s’enfuir.

L’homophobie est répandue en Ouganda. Harcèlement et intimidations sont le quotidien des homosexuels dans ce pays où se développe un christianisme évangélique particulièrement véhément à l’égard du mouvement LGBT.

L’Ouganda – où les relations dites « contre nature » sont déjà passibles de la détention à perpétuité depuis une loi datant de la colonisation britannique – avait adopté en décembre 2013 une nouvelle législation réprimant notamment la « promotion de l’homosexualité » et rendant obligatoire la dénonciation des homosexuels.

Cette loi, qui avait déclenché un tollé international, avait été annulée pour vice de forme par la Cour constitutionnelle en août 2014, mais des hommes politiques ont déposé une nouvelle proposition de loi qui réintroduirait le délit de « promotion » de l’homosexualité.

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