Maroc: à Tarfaya, un musée est consacré à « St-Ex l’écrivain » et son Petit Prince

Avec un peu d’imagination, on pourrait anticiper au loin l’apparition d’un Bréguet 14, bataillant contre les vents. L’imagination, c’est en partie ici, à Tarfaya, que Saint-Exupéry, l’auteur du Petit Prince, la trouva. Dans ce bout du monde, un musée lui est consacré.

Maroc: à Tarfaya, un musée est consacré à « St-Ex l’écrivain » et son Petit Prince © AFP

Maroc: à Tarfaya, un musée est consacré à « St-Ex l’écrivain » et son Petit Prince © AFP

Publié le 22 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

« Antoine de Saint-Exupéry l’écrivain est un peu né ici, à Tarfaya, où il a passé deux années en tant que chef d’escale de l’Aéropostale. C’est là qu’il a commencé à écrire des romans, sous les étoiles », clame Sadat Shaibata Mrabihrabou, ouvrant les portes du modeste musée, dans le Grand sud marocain.

« Nous sommes le berceau d’un écrivain mondialement connu », ajoute-t-il.

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Car qui dit « Saint-Exupéry » pense forcément au « Petit Prince », conte humaniste paru en avril 1943 à New York, et livre le plus traduit au monde après la Bible (1. 300 éditions, 145 millions de copies vendues).

Le narrateur est un aviateur qui, à la suite d’une panne de moteur, doit se poser en catastrophe dans le désert du Sahara.

Très exactement 70 ans après la publication de l’ouvrage, et même si des projets immobiliers commencent enfin à sortir des sables de la bourgade endormie, Tarfaya –ex « Cap Juby »– ne semble guère avoir changé.

Côté face, le fort construit par les Anglais il y a plus d’un siècle et l’océan. Côté pile, le désert. L’ancienne piste d’aviation est à cinq kilomètres.

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Aux premières heures de l’Aéropostale, durant l’entre-deux-Guerres, les avions partis de Toulouse (France) poussent coûte que coûte toujours plus au sud l’acheminement du courrier. Mais l’autonomie de ces biplans de la Première guerre ne dépasse pas les 700 kms, et il faut établir en 1927 une nouvelle escale après Agadir. Ce sera Cap Juby, alors sous domination espagnole.

Embauché par l’industriel Latécoère, « Saint-Ex » y pose ses valises comme chef d’escale, gère les va-et-vient des Bréguet 14 et négocie avec les tribus locales la libération de pilotes tombés dans le désert et faits prisonniers.

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Durant ces 18 mois de vie quasi-monacale, il écrit son premier roman, « Courrier sud », « dont le titre a été suggéré par un autre grand homme, Jean Mermoz », intrépide aviateur, affirme Sadat Shaibata Mrabihrabou.

Il y trouve donc également le décor du « Petit Prince », qu’il écrira toutefois plus d’une décennie plus tard.

« Des nuits en dissidence »

En 2004, avec l’aide de l’association « mémoire de l’Aéropostale », le musée de Tarfaya voit le jour, pour raconter cette histoire.

« Ce patrimoine constituait une culture orale qui risquait de disparaître avec le temps: le dernier mécanicien-gardien de Saint-Exupéry est mort il y a deux ans », explique à l’AFP Sadat Shaibata Mrabihrabou.

« C’est chez cet homme que j’ai entendu pour la première fois le nom de +Saint-Ex+, j’avais 5-6 ans », enchaîne-t-il.

Sur les murs du musée défile la vie de l’aviateur, de sa naissance à Lyon (1900) à sa mort « pour la France » en 1944, lors d’un vol de reconnaissance en mer Méditerranée, préalablement au Débarquement de Provence.

« J’ai beaucoup aimé le Sahara. J’ai passé des nuits en dissidence. Je me suis réveillé dans cette étendue blonde où le vent a marqué sa houle comme sur la mer », peut-on lire sur un des panneaux.

Dans un coin, un original du Petit Prince griffonné par son auteur.

« C’est certainement la ville qui bat encore le plus au rythme de l’Aéropostale. Elle a gardé le caractère, le cachet de l’époque », signale le responsable du musée.

Chaque saison, la vie de cette cité de 10. 000 âmes est ainsi marquée par le passage du Rallye aérien de l’Aéropostale Toulouse/Saint-Louis (Sénégal).

L’an dernier, Tarfaya a en outre organisé son premier « Festival du prince du désert », avec des activités de sensibilisation à la protection de l’environnement, et en présence du président de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la jeunesse, François d’Agay, filleul de l’aviateur.

Lors du festival, sa fondatrice avait relevé cette citation du Petit Prince: « +ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part+ ». Ainsi la mémoire de Saint-Exupéry, trésor que cache cette bourgade, pourrait-elle contribuer à la sortir de sa torpeur.

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