Algérie: la presse censurée sur la santé de Bouteflika
La saisie de deux quotidiens annonçant une déterioration de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika a permis lundi à la presse algérienne de rebondir sur ce dossier en dénonçant « le silence » imposé par les autorités sur ce sujet tabou.
« Le pouvoir veut imposer le silence » sur la santé du chef de l’Etat, titre le quotidien francophone El-Watan pour expliquer l’interdiction de parution dimanche de Mon Journal et de son pendant arabophone Djaridati. Ils annonçaient que M. Bouteflika avait été ramené à Alger mercredi dernier à l’aube dans un « état comateux ».
Un autre quotidien privé, El Khabar, généralement critique envers le pouvoir, affirme en Une que « le Peuple veut l’apparition du président ». « Les communiqués de Abdelmalek Sellal (le Premier ministre NDLR), les déclarations des proches (du chef de l’Etat NDLR), la censure des médias n’ont pas réussi », à faire taire les rumeurs, affirme le quotidien arabophone, l’un des plus forts tirages en Algérie.
« La probabilité la plus réaliste est que l’action judiciaire contre Hichem Aboud est un avertissement à tous les concernés que la trêve est terminée et qu’il faut cesser de parler de la santé du président », commente également El Khabar dans un éditorial intitulé « Silence. . . la trêve est finie ».
M. Aboud, le propriétaire des deux journaux saisis, fait l’objet d’une information judiciaire pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » en raison des informations qu’il a publiées sur la santé du président algérien, hospitalisé en France depuis le 27 avril.
Pour Echorouk (conservateur, arabophone) « le black out autour de l’état de santé du président est une attitude de mépris envers le peuple ». Personnalités et partis s’y bousculent pour réclamer la « transparence » dans ce dossier.
La majorité des journaux sont critiques envers les poursuites judiciaires lancées dimanche contre M. Aboud et envers le ministère de la Communication qui a démenti toute « censure » de ses deux numéros.
Pour Liberté, le ministère « visiblement dépassé par la tournure prise par cet acte de censure, a tenté d’en minimiser la portée ». « L’événement reflète un état de crise de la communication officielle », relève en tout cas un de ses commentateurs.
Ennahar, arabophone proche des sphères du pouvoir, se félicite de « la nuit au cours de laquelle est tombé Hichem Aboud », le décrivant comme un « officier fuyard passé en un clin d’oeil du statut de réfugié politique à Lille (nord de la France) à celui de propriétaire de deux journaux ».
Ces critiques sur le passé militaire du patron de presse trouvent un écho dans Le Temps (francophone). Hichem Aboud s’y voit qualifié de « troufion en mal de gloire ».
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