Les dirigeants de la planète appellent à mettre fin au commerce légal d’ivoire
Les responsables gouvernementaux réunis à la conférence de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Hawaï ont adopté samedi un texte appelant à mettre un terme à tous les marchés domestiques de commerce d’ivoire.
Au terme d’intenses débats, et malgré l’opposition de la Namibie et du Japon notamment, la motion, non contraignante, a été adoptée le jour de la clôture de la conférence, qui a duré dix jours et a réuni 9.000 personnes à Honolulu, à Hawaï.
« C’est la première fois qu’un organe international appelle chaque pays dans le monde à mettre un terme aux marchés légaux d’ivoire », a déclaré Andrew Wetzler, du Conseil de défense des ressources naturelles.
« C’est une victoire pour les éléphants, qui avec un peu de chance sera réitérée à la fin du mois à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) à Johannesburg », en Afrique du Sud.
Le texte « exhorte les gouvernements des pays concernés par le commerce national d’ivoire à prendre toutes les mesures législatives et réglementaires pour l’arrêter ».
Le Japon et la Namibie, dont les marchés intérieurs d’ivoire sont en expansion, ont tenté en vain d’adoucir le texte, en déposant une vingtaine d’amendements.
« La communauté internationale de la protection de la nature fait un grand pas en avant », s’est félicité Cristian Samper, responsable de la Wildlife Conservation Society (WCS), l’une des ONG représentées à la conférence. « Plus de ventes domestiques d’ivoire. Les éléphants en ont eu assez du commerce d’ivoire, et le monde aussi ».
Le braconnage continue
Selon les spécialistes, le commerce domestique d’ivoire nourrit le braconnage, utilisé comme écran par les trafiquants pour camoufler leurs importations et exportations illégales.
Les Etats-Unis et la Chine, qui figurent parmi les plus gros consommateurs d’ivoire, ont déjà accepté d’interdire presque totalement leur marché domestique d’ivoire.
La CITES a interdit le commerce international d’ivoire d’éléphant en Afrique en 1989.
Mais le braconnage des éléphants pour leurs défenses se maintient à des niveaux élevés, menaçant d’extinction les éléphants africains, selon une étude publiée en ouverture de la conférence internationale.
La population des éléphants vivant dans les savanes d’Afrique a décliné de 30% entre 2007 et 2014, principalement en raison du braconnage, selon ce recensement panafricain inédit financé par Paul Allen, co-fondateur de Microsoft et philanthrope.
Ce déclin s’est par ailleurs accéléré au fil des ans et atteint actuellement 8% par an, selon l’étude, qui a identifié l’Angola, le Mozambique et la Tanzanie comme des zones particulièrement touchées par le braconnage.
Les populations d’éléphants vivant dans les savanes du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), du nord du Cameroun et du sud-ouest de la Zambie sont, elles, menacées d’une « extinction locale ».
Les ONG environnementales ont salué l’initiative de l’UICN et appelé la CITES, qui doit se réunir à Johannesburg à la fin du mois, à aller encore plus loin.
« Nous espérons que les délégués seront incités par le vote de l’UICN à adopter une résolution soumise par des gouvernements africains qui appelle également à fermer les marchés domestiques d’ivoire », a ajouté M. Samper du WCS.
« La fermeture des marchés domestiques d’ivoire enverra un signal fort aux trafiquants et aux bandes criminelles organisées, celui que l’ivoire ne vaut rien et n’encouragera plus leurs activités criminelles qui causent des problèmes de sécurité pour les habitants et détruisent la nature », a-t-il estimé.
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