Soudan du Sud: l’ONU lance un appel aux dons de près de 2 milliards de dollars
Les Nations unies ont lancé lundi un appel aux dons de 1,8 milliard de dollars (1,5 md EUR) pour venir en aide à plus de 2,5 millions de Sud-Soudanais menacés par la famine, dans leur pays en proie depuis 13 mois à une guerre civile.
De retour d’un déplacement de deux jours dans la jeune nation, la patronne des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos a dit avoir vu un état de « dévastation et de destruction généralisé » et « un niveau insoutenable de souffrances ».
« Nous avons besoin que les combats cessent et de restaurer la paix », a-t-elle poursuivi au cours d’une conférence de donateurs organisée dans la capitale kényane Nairobi, siège régional de l’ONU. La conférence a déjà permis de récolter 529 millions de dollars (467 M EUR) de promesses de dons lundi.
« Le conflit a eu un effet dévastateur au Soudan du Sud, et si la paix ne revient pas rapidement, il aura aussi un impact régional important », a ajouté Mme Amos.
Le Soudan du Sud est en proie depuis décembre 2013 à une guerre civile qui, selon l’International Crisis Group, a déjà fait des dizaines de milliers de morts — aucun bilan officiel n’a jamais été donné. Début février, les belligérants se sont engagés à un nouveau cessez-le-feu mais les six précédents avaient rapidement volé en éclats.
Plus de la moitié des 12 millions d’habitants ont besoin d’aide au Soudan du Sud, estime l’ONU. Parmi eux, 2,5 millions sont en situation de crise, l’étape précédent l’état de famine.
Les combats ont fait près de deux millions de sans-abris. 500. 000 personnes au total ont fui dans des pays voisins.
Et selon la responsable onusienne, « le scenario le plus probable » est celui d’une « intensification » des violences à l’approche de la saison sèche, pendant laquelle les mouvements de troupes sont plus aisés.
Intervenant lundi à la conférence des donateurs, une diplomate américaine, Anne C. Richard, a de son côté affirmé qu’aucun autre conflit au monde n’était actuellement source d’autant de « frustration et de désespoir » pour les États-Unis.
La population « continue de souffrir et de mourir inutilement parce que ses dirigeants refusent de faire ce qu’il faut pour ramener la paix », a martelé la responsable, chargée des questions de population, réfugiés et migrations au secrétariat d?État américain.
Son pays, l’un des principaux soutien à Juba dans son accession à l’indépendance de Khartoum en 2011, a promis 273 millions de dollars (241 M EUR) d’aide lundi.
– Nouvel ultimatum –
Le conflit sud-soudanais oppose depuis décembre 2013 deux camps, celui du président Salva Kiir et celui de son ancien vice-président et rival Riek Machar.
Depuis plus d’un an, la communauté internationale tente de faire entendre raison aux deux hommes, qui ont signé au total sept cessez-le-feu.
« Les violations des accords de cessez-le-feu (. . . ) ne seront plus tolérées », a affirmé lundi la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed. Son pays fait partie de l’organisation intergouvernementale est-africaine Igad chargée de la médiation dans le conflit.
L’Igad a donné à MM. Kiir et Machar jusqu’au 5 mars pour conclure un accord global de paix. L’ultimatum laisse cependant les observateurs sceptiques: aucun n’a jusqu’ici été respecté.
« Les dirigeants sud-soudanais doivent montrer à leur population et au monde qu’ils sont déterminés à ramener la paix », a cependant ajouté lundi Mme Amos.
Devant les donateurs, le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Barnaba Marial Benjamin, a assuré que son gouvernement était « déterminé à rechercher la paix », et confirmé qu’un nouveau cycle de négociations de paix reprendrait le 19 février.
S’exprimant lui aussi devant les donateurs, après avoir participé au déplacement de Valerie Amos au Soudan du Sud, l’acteur américain Forest Whitaker a de son côté parlé « d’atrocités sans nom » et de « besoins immenses » dans le pays.
En plus des 1,8 milliard de dollars réclamés pour les Sud-Soudanais au Soudan du Sud même, l’ONU a demandé 800 millions de dollars (545 M EUR) pour les victimes du conflit réfugiées dans les pays voisins.
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