Afrique du Sud: et maintenant, le vin Mandela…
Après les lignes de vêtements et les produits dérivés autour de Nelson Mandela, une fille du héros de la lutte anti-apartheid a lancé « House of Mandela », une gamme de vins sud-africains de qualités variables qu’elle compte vendre aux touristes et exporter jusqu’en Chine.
Makaziwe (dite Maki) Mandela – l’aînée des trois enfants encore en vie de l’ex-président sud-africain – et sa fille Tukwini ne sont pas soudainement devenues viticultrices. Elles ont choisi des producteurs réputés de la région du Cap pour leur concocter des cuvées spéciales.
« Ce n’est pas quelque chose auquel nous aurions pensé », avoue Maki, 59 ans. Et puis, de suggestions en discussions, House of Mandela est née à la mi-2010. Pour transmettre un message, insiste-t-elle.
« Quand les gens voient ça », dit-elle en saisissant une bouteille, « dans leur tête ils voient Nelson Mandela. Mais il ne s’agit pas de Nelson Mandela, il s’agit de la Maison des Mandela », la famille qui descend de rois xhosas. « Nous voulons raconter l’histoire du peuple dont nous sommes issus, nous voulons rendre hommage à nos ancêtres qui nous ont beaucoup donné. «
Et puis, assène-t-elle avec le plus grand sérieux, quand on boit le vin Mandela en famille ou entre amis, on est invité à réfléchir à un monde meilleur.
Joyaux de la collection, les trois crus de la « Réserve royale », deux rouges et un blanc: un syrah 2007, un cabernet-sauvignon 2008 et un chardonnay 2009.
« Le concept est très bon, mais je ne suis pas sûr que les vins soient si bons, pour le prix. Ils sont trop chers », juge un caviste de Johannesburg qui ne veut surtout pas critiquer au grand jour. Les deux rouges sont vendus chez lui 399 rands (33,50 euros) la bouteille, ce qui est beaucoup en Afrique du Sud.
Côté qualité, le cabernet-sauvignon a pourtant reçu un 4,5 sur 5 (« exceptionnel ») du Platter’s, le guide de référence des vins sud-africains. Les deux autres sont notés 4 (« excellent »).
Chers, ces vins? « Non, parce que ce sont des vins très haut de gamme », répond Tukwini Mandela, 38 ans.
« Nous le faisons délibérément », renchérit sa mère Maki. « L’histoire que nous voulions raconter, avec la Réserve royale, c’est que nous venons d’une famille royale! »
Après de modestes débuts, la petite entreprise des dames Mandela passe maintenant à la vitesse supérieure.
Un vin champagnisé a été ajouté à la gamme, ainsi que trois rouges et trois blancs baptisés « Collection Thembu », du nom de la tribu xhosa dont est issue la famille. Des vins jeunes – millésime 2012 – produits dans le Swartland, au nord du Cap, et issus du commerce équitable.
« C’est votre vin de tous les jours », explique Heather Engelbrecht, représentante à Johannesburg du nouveau distributeur Vinimark, précisant qu’il sera disponible en supermarché, notamment chez le géant américain Walmart. « Ca va très bien marcher », assure-t-elle.
Et quand bien même il ne s’agit pas officiellement d’honorer le premier président noir qu’a connu l’Afrique du Sud, les étiquettes de ces six vins d’entrée de gamme sont décorées des motifs colorés qui ont fait la réputation des « Madiba Shirts », ses célèbres chemises.
« Quand mon grand-père a décidé de porter les Madiba Shirts, il voulait être un dirigeant beaucoup plus accessible, beaucoup plus décontracté (. . . ). C’est pourquoi nous avons choisi les chemises, et ça va vraiment bien avec le style des vins », explique Tukwini.
« Toute la gamme va être disponible à l’aéroport OR Tambo » de Johannesburg, où la plupart des touristes achètent souvent une bouteille ou deux avant de quitter l’Afrique du Sud, précise Mme Engelbrecht.
En outre, une série intermédiaire de rouges baptisée Vusani a été spécialement conçue pour le marché chinois.
Reste la question qui fâche: l’utilisation du nom Mandela à des fins commerciales, quand bien même une partie des bénéfices doit être reversée à des bonnes oeuvres.
« Pourquoi ne le ferait-on pas? N’est-ce pas notre nom? », interroge Maki. « Nous sommes fières d’honorer notre nom. C’est notre héritage, c’est notre droit. «
A la Fondation Mandela, Verne Harris rappelle que le grand homme – qui, à 94 ans, n’est plus consulté – voulait éviter toute exploitation: « Il nous a donné un mandat, et des directives très claires. Les directives comprenaient des choses comme +Je ne veux pas mon visage sur des produits commerciaux, je ne veux pas être associé à du tabac, de l’alcool+, etc. «
Le vin n’est-il pas de l’alcool? Baissant les yeux, M. Harris reconnaît après un silence que « le nom Mandela n’appartient pas à Nelson Mandela, il appartient à une famille ».
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