Casablanca fête le centenaire de son port, nerf de l’économie marocaine
La ville de Casablanca, mégalopole de près de cinq millions d’habitants, fête ce printemps le centenaire de son port, dont l’histoire est intimement liée au développement économique du Maroc.
Dans le cadre de cette célébration, et 100 jours durant, sont programmées diverses manifestations sous le thème « Une +histoire d’avenir+ », « formule qui résume bien l’évolution du port », selon ses responsables actuels.
Outre des expositions photographiques et de peintures, le programme prévoit des conférences sur l’histoire maritime et portuaire du Maroc, entre autres. Des visites de bateaux étrangers ont également été organisées, à l’image de celle d’une flottille d’escorte de la Marine chinoise.
La célébration est en outre « l’occasion de cerner les enjeux stratégiques de ce port » et « développer son potentiel », d’après le président de la toute nouvelle Association pour la promotion du port de Casablanca (APPC), Mohamed Jamal Benjelloun, créée en décembre dernier.
Dans le cadre d’une stratégie 2030, qui prévoit par ailleurs la montée en puissance d’autres infrastructures sur la façade méditerranéenne (Tanger, Nador. . . ), Casablanca entend ainsi se doter d’un terminal pour les navires de croisière en lien avec le centre-ville et s’orienter, pour le port de commerce, vers les produits à forte valeur ajoutée.
Le statut économique et social de Casablanca « est profondément enraciné et lié à cette infrastructure, qui a généré des dizaines de milliers d’emplois et permis l’essor urbanistique de la ville », a pour sa part souligné la directrice générale de l’Agence nationale des ports (ANP), Nadia Laraki, lors d’une visite officielle mi-avril.
Car si la capitale économique du royaume doit une grande part de sa notoriété internationale au film éponyme de Michael Curtiz, avec Ingrid Bergman et Humphrey Bogart (1942), c’est bien grâce à son port qu’elle est devenue une des plus grandes villes d’Afrique, assurent les historiens.
Cette infrastructure « a transformé ce qui était une petite bourgade au siècle dernier en ce qu’elle est aujourd’hui: le centre névralgique de l’économie marocaine », déclare à l’AFP Mustapha Bouaziz, de l’université de Casablanca.
Dès le XIXe siècle, le Sultan Moulay Abderrahmane décide de rouvrir le petit port de pêche pour subvenir aux besoins de la population en céréales.
Phosphates
Mais, après des décennies d’aménagements sans grande envergure, c’est au premier résident général du protectorat français du Maroc, Hubert Lyautey, que revient le projet –« à l’époque invraisemblable »– de port moderne, ajoute M. Bouaziz.
Dix groupes européens au total offrent leurs services. C’est le Français Schneider du Creusot qui l’emporte, pour un montant inférieur à la mise à prix (44 millions de francs de l’époque, contre 50 millions).
S’ensuivent des décennies de travaux « très difficiles », jusqu’à la fin des années 1940, du fait de « la houle de l’Atlantique, qui y est très forte » et du caractère « particulièrement rocheux » du site, note Abdou Berrada, un journaliste casablancais.
A l’origine, « il s’agissait de disposer d’un port moderne pour exporter le blé et la laine » vers la France, relève-t-il encore. Mais la découverte des phosphates, en 1921 à Khouribga (centre), « a rapidement renforcé le rôle stratégique du port dans l’économie ».
De 1921 à 1927 uniquement, le phosphate exporté passe de 8. 000 tonnes à 1,2 million de tonnes annuelles.
A ce jour, le Maroc est le premier exportateur de phosphates et dérivés, qui constituent près du tiers de ses exportations. Les recettes de l’Office chérifien des phosphates (OCP) figurent parmi les premières ressources en devises, aux côtés du tourisme et des transferts des résidents marocains à l’étranger.
Quant au port de Casablanca, qui s’étend sur 600 hectares, il représente plus de 35% des échanges commerciaux du Maroc et emploie plus de 10. 000 personnes. La valeur des marchandises qui y transitent est actuellement d’environ 100 milliards de dirhams (9 mds d’euros) par an, soit 22% du PIB.
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