RDC: le médecin des femmes violées salue la suspension de 12 militaires
Le gynécologue congolais Denis Mukwege, réputé dans le monde pour son aide aux femmes violées, a salué vendredi la suspension de douze militaires de l’armée soupçonnés d’être impliqués dans le viol de 126 femmes fin novembre dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
« Je pense que si ça pouvait se faire à chaque fois qu’il y a des cas comme ça, ou qu’au moins les suspects soient suspendus en attendant que leur sort soit jugé, ça serait une très bonne chose », a déclaré à l’AFP le Dr Denis Mukwege, basé à Bukavu, capitale de la province instable du Sud-Kivu (Est).
Fin novembre, 126 viols ont été commis dans et près de Minova, une localité à 150 kilomètres au nord de Bukavu. Ils ont été perpétrés alors que les soldats loyalistes fuyaient une offensive des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sur Goma, capitale de la province voisine et elle aussi instable du Nord-Kivu.
Les suspensions sont un « signal très positif » mais des « réactions rapides » systématiques démontreraient aux violeurs « qu’ils ne peuvent pas rester impunis », a insisté le Dr Mukwege, dont l’hôpital à Bukavu a soigné plusieurs femmes violées à Minova.
L’armée a suspendu les commandants et commandants adjoints de deux unités, ainsi que les responsables de huit autres unités, a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du département des opérations de paix de l’ONU, Kieran Dwyer.
Kinshasa a informé l’ONU de sa décision après que la mission de l’ONU dans le pays (Monusco) lui avait donné une semaine –à compter du 25 mars– pour prendre des mesures. Un précédent ultimatum posé en février n’avait pas été respecté.
« C’est le signe de l’engagement des autorités congolaises, mais nous avons besoin qu’elles aillent jusqu’au bout et qu’elles fassent en sorte que les responsables de ces crimes odieux rendent des comptes », a souligné Kieran Dwyer.
Tous les militaires suspendus peuvent être désormais traduits devant la justice et des entretiens avec les victimes et les suspects ont déjà commencé, a précisé M. Dwyer, citant le compte-rendu du gouvernement de la RDC.
L’armée de la RDC, qui a fait l’objet de critiques pour sa brutalité à l’encontre des civils et pour sa corruption, est très dépendante de l’aide militaire et de l’équipement de l’ONU dans ses efforts pour contrôler les groupes armés qui sévissent dans l’Est du pays, très riche en ressources naturelles.
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