L’Éthiopie remanie son gouvernement après des manifestations

Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a procédé mardi à un vaste remaniement ministériel, marqué par un effort d’ouverture vers l’ethnie oromo, pour répondre aux aspirations des tenants de l’actuelle contestation antigouvernementale, sans précédent depuis 25 ans.

Hailemariam Desalegn, Premier ministre éthiopien, le 22 septembre 2016 à New-York. © Jewel Samad/AFP

Hailemariam Desalegn, Premier ministre éthiopien, le 22 septembre 2016 à New-York. © Jewel Samad/AFP

Publié le 1 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Deux ministères clés, qui étaient jusqu?ici détenus par des Tigréens, reviennent à des Oromo. Workneh Gebeyehu, qui occupait le poste de ministre des Transports, prend en charge les Affaires étrangères. Et Negeri Lencho, professeur de journalisme à l?université d?Addis Abeba, est nommé ministre de la Communication.

Le mouvement de contestation antigouvernementale a débuté en région oromo (centre et ouest) en novembre 2015 et s’est étendu depuis l’été à la région amhara (nord).

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Oromo et Amhara représentent les deux principales ethnies du pays et forment plus de 60% de la population. Les contestataires dénoncent la domination sans partage de la coalition au pouvoir depuis 25 ans et ce qu’ils estiment être une sur-représentation de la minorité des Tigréens aux postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité.

Les Amhara sont représentés au sein du gouvernement, notamment avec le vice-Premier ministre, Demeke Mekonnen, mais ils ne sont concernés par aucun changement notable dans ce remaniement.

« Le public a soulevé beaucoup de défis. Il faut un changement », a déclaré Negeri Lencho, joint par l?AFP, en évoquant la contestation de ces derniers mois. « Ce nouveau gouvernement est prêt à répondre (à ces défis) et à fournir un meilleur service avec des professionnels venus d?horizons très différents », a t-il ajouté.

Sur les 30 ministres sortants, seuls neuf conservent leur position, parmi lesquels les « historiques » du régime: Demeke Mekonnen (vice-Premier ministre), Siraj Fegessa (Défense) et Debretsion Gebremichael (Télécommunications et Technologie).

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La composition du nouveau gouvernement, qui ne comprend que trois femmes, a immédiatement été approuvée par le Parlement, dans lequel la coalition au pouvoir du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF) détient la totalité des 547 sièges.

L’ancien porte-parole du gouvernement, Getachew Reda, considéré comme une « étoile montante » de l?EPRDF, paye son impopularité auprès de la population et quitte l’équipe gouvernementale, au sein de laquelle il occupait le poste de ministre de la Communication.

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L?ancien ministre des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, en sort également pour se consacrer à sa campagne pour le poste de directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le Premier ministre, Hailemariam Desalegn, avait promis que le remaniement se ferait sur la base des compétences plutôt que de la « loyauté au parti ».

La flambée de violences des dernières semaines, au cours desquelles les manifestants s’en étaient notamment pris aux bâtiments publics et aux entreprises étrangères, a poussé le gouvernement à décréter l’Etat d’urgence pour une période de six mois le 9 octobre.

La répression menée par le gouvernement a fait plus de 500 morts, selon les organisations de défense des droits de l’Homme.

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