États-Unis : première femme musulmane d’origine somalienne élue parlementaire

Dans un Minnesota où l’intégration de nombreux réfugiés somaliens a constitué un enjeu électoral, une musulmane d’origine somalienne a remporté un siège de parlementaire. Une première aux États-Unis.

Ilhan Omar après sa victoire le 8 novembre 2016 à Minneapolis. © STEPHEN MATUREN/AFP

Ilhan Omar après sa victoire le 8 novembre 2016 à Minneapolis. © STEPHEN MATUREN/AFP

Publié le 11 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Ancienne réfugiée, Ilhan Omar doit faire son entrée le 3 janvier à la Chambre des représentants de cet État situé à la frontière avec le Canada et devenu la terre d’accueil favorite des réfugiés somaliens aux États-Unis.

En effet, près d’un tiers de ceux installés sur le sol américain vivent dans le Minnesota. Selon les derniers chiffres disponibles, ils étaient 25.000 en 2010.

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La victoire de cette femme de 33 ans, qui porte le hijab, intervient après la campagne électorale particulièrement virulente envers musulmans et réfugiés menée par le républicain Donald Trump, qui a remporté la présidentielle mardi.

« Même si son message était censé être pris comme une menace pour faire en sorte que nous n’allions pas voter, pour que nous ne nous considérions pas comme faisant partie du système américain, cela a eu l’effet contraire », a commenté la trentenaire à l’AFP, au sujet de M. Trump.

« Je pense que notre victoire est source d’inspiration pour beaucoup de jeunes, de gens de couleur, d’immigrés, tout le monde. Bien que le système n’ait pas été créé pour nous tous, nous pouvons tracer notre voie et nous pouvons nous assurer qu’il crée des opportunités pour des gens comme nous », a-t-elle estimé.

‘Paroles d’amour’ contre haine

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Le républicain a perdu l’État du Minnesota au scrutin de mardi, la démocrate Hillary Clinton remportant 47% des suffrages contre 45% pour lui. Dans sa dernière semaine de campagne, il avait rendu la communauté somalienne responsable des vicissitudes de cet État.

« Ici, au Minnesota, vous avez assisté au premier plan aux problèmes causés par la mauvaise gestion des réfugiés, avec un grand nombre de réfugiés somaliens arrivant dans votre État sans même que vous le sachiez », avait-il lancé dans un meeting près de Minneapolis.

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« Certains d’entre eux rejoignent l’EI (groupe État islamique, NDLR) et répandent leurs opinions extrémistes à travers le pays et à travers le monde entier », avait-il poursuivi.

Certains jeunes hommes de cette communauté ont en effet rejoint à l’étranger les rangs de tels groupes, comme les Shebabs en Somalie.

Et un attentat dans le Minnesota a marqué l’ensemble du pays: Dahir Adan, un Américain d’origine somalienne de 20 ans, a attaqué en septembre plusieurs personnes dans un centre commercial de St. Cloud, blessant dix d’entre elles. La police fédérale (FBI) a précisé plus tard qu’il avait été « radicalisé ».

Au sujet de la victoire de Donald Trump, Mme Omar a reconnu que cela allait être « très difficile »: « Nous allons devoir trouver comment organiser la communauté pour se préparer à ce qui va arriver. Nous devons multiplier nos paroles d’amour face au discours de haine ».

‘Politique ethnique’

Ses convictions politiques vont au-delà du sort des réfugiés somaliens. Elle dirige aussi ses efforts vers d’autres groupes minoritaires, comme les immigrés d’autres pays d’Afrique de l’Est, ou encore les libéraux blancs ou les étudiants. Ses priorités sont le financement et l’accès à l’éducation, ainsi que la réforme de la justice pénale.

« Nous avons assisté à une transition très importante aux États-Unis, avec l’arrivée dans le pays des Allemands, des catholiques irlandais, des Juifs et bien d’autres », a souligné Lawrence Jacobs, directeur du Centre pour l’étude de la politique et de la gouvernance à l’université du Minnesota. « La politique est au début totalement ethnique, puis évolue dans la composition d’une coalition ».

Qu’Ilhan Omar soit désormais en train d’évoluer de cette façon est « un développement très positif », a-t-il relevé.

Elle est arrivée aux États-Unis à onze ans avec sa famille, après avoir passé quatre ans dans des camps de réfugiés au Kenya.

Pour Memoona Ghan, 35 ans, sa victoire est un camouflet pour M. Trump et une inspiration pour les musulmans.

« La voir là est assez exaltant, pas seulement pour nous mais aussi pour la jeunesse. C’est une source de fierté pour tous les musulmans, pas uniquement pour la communauté somalienne, qu’Ilhan soit là, en gagnante », a confié cette habitante de Maple Grove, une bourgade au nord-ouest de Minneapolis.

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