Réunis au Maroc, les nomades célèbrent leur culture pendant trois jours
Musique traditionnelle en tamasheq, mais aussi course de dromadaires et fabrication de pain de sable: dans le sud du Maroc, les nomades ont célébré durant trois jours leur culture, cette « fortune » qui les rassemble davantage que les frontières ne les divisent.
Venus du Niger, de l’Algérie ou encore du Mali, ils sont des dizaines de musiciens représentants de la culture et de la musique nomades à avoir brisé, du 15 au 17 mars, le silence du désert, avec le concours des touristes et habitants de la petite ville de M’Hamid el Ghizlane, dernière halte marocaine sur la route caravanière de la mythique Tombouctou.
Pour sa 10e édition, le « Festival international des nomades » avait mis l’accent sur le thème de l’eau, avec la présentation notamment d’un projet pilote, le « waterpod », visant à favoriser l’approvisionnement en eau purifiée.
Mais, comme pour chacune des éditions précédentes, l’événement a avant tout été l’occasion pour les nomades, séparés par les frontières, de se retrouver.
L’objectif prioritaire du festival est de « présenter les aspects de l’héritage culturel des nomades. C’est une fortune qui doit être préservée et valorisée autant que possible au profit des générations futures », confirme à l’AFP son président, Noureddine Bourgab.
Membre du groupe nigérien « Atari N’assof » (« Etoile du désert »), Rissa Ag Wanagli dit se sentir « ici comme dans (son) pays ». « Parce que c’est le même décor, le même désert et les même racines amazighes. Je suis simplement heureux d’être là », clame-t-il.
A l’automne dernier, à l’occasion d’un festival de musique (Taragalte), M’Hamid avait déjà constitué un refuge pour les musiciens du nord du Mali, chassés de leurs terres par les groupes islamistes armés.
Cette fois, en plus de la musique, la cuisine –avec la fabrication du pain de sable (mella) et celle du sirop de dattes– ainsi que certains loisirs comme la course de dromadaires et le « hockey nomade » (avec une balle en peau de chèvre), ont été mis à l’honneur.
« Je chante pour l’unité »
Autant de raisons pour les touristes venus explorer la majesté du désert de découvrir de nouvelles facettes de la culture nomade.
« Nous nous efforçons de faire de M’Hamid le point de rencontre des nomades du monde entier, pour commémorer leur histoire », insiste M. Bourgab, louant « un mode de vie plein de traditions ».
Du Niger, la culture des touaregs nomades s’étend vers l’extrême sud-est algérien, d’où est venu cette année le groupe « Nabil Bani ».
A la faveur de la programmation du festival, la fusion des rythmes traditionnels de « Nabil Bani » et « Atari N’assof » a créé une atmosphère de joie et de danse sous le ciel étoilé.
Malgré le fait que les nomades d’Algérie et du Niger parlent et chantent en tamasheq ou amazighe, ceux-ci sont parvenus à interagir avec les nomades marocains, qui chantent en langue arabe ou hassania.
« Les touaregs sont séparés entre plusieurs pays et s’efforcent seulement de préserver leur culture et leur identité en la faisant connaître au monde », confirme Nabil Othmani, membre de Nabil Bani.
« Je chante principalement pour l’unité, l’amour ainsi que l’éducation des enfants, car beaucoup de nomades n’envoient pas leurs enfants à l’école, et j’essaye de les inciter à le faire à travers la musique », renchérit Rissa Ag Wanagli.
Cofondateur en 2006, en tant que percussionniste, d’Atari N’Assof, le Français Alain Plume, fasciné par la culture nomade, résume: « leur musique nous donne le désir et l’envie de danser et d’aimer la vie! Aux antipodes de certaines images que l’on peut voir actuellement dans les médias ».
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