L’Afrique du Sud conserve sa note financière mais reste menacée

L’Afrique du Sud a échappé pour l’instant à une dégradation de sa note financière, mais les agences Fitch puis Moody’s l’ont mise en garde sur les risques que faisaient peser sur sa fragile économie les vives tensions politiques autour de son président Jacob Zuma.

Jacob Zuma, le président sud-africain à Harare le 3 novembre 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Jacob Zuma, le président sud-africain à Harare le 3 novembre 2016. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Publié le 26 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Dans un avis publié dans la nuit de vendredi à samedi, Moody’s a laissé inchangée sa note Baa2 avec perspective négative attribuée à l’Afrique du Sud, mais l’a pressée de mettre en oeuvre rapidement des réformes de soutien à la croissance.

La note Baa2 se situe deux crans au-dessus du niveau spéculatif.

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La perspective négative « reflète les risques liés à la mise en oeuvre des réformes structurelles destinées à restaurer la confiance », indique Moody’s, qui déplore aussi les « luttes politiques internes qui favorisent l’incertitude et entravent les réformes ».

La note de l’Afrique du Sud « serait très probablement abaissée en l’absence de réformes structurelles », insiste l’agence.

Quelques heures avant Moody’s, Fitch a également maintenu sa note BBB- à l’Afrique du Sud, juste un cran au-dessus du niveau spéculatif, mais a abaissé sa perspective de « stable » à « négative ».

Là aussi, c’est le climat politique délétère qui agite le pays qui a été pointé du doigt.

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« Les risques politiques liés à la gouvernance ont augmenté et resteront élevés (…) avec des conséquences négatives sur les résultats macroéconomiques », a estimé Fitch.

– Crises –

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Depuis des mois, l’ombre d’une dégradation plane avec insistance sur le pays le plus développé du continent.

Fitch prévoit une progression de 1,3 % en 2017 et 2,1% en 2018.

Depuis des années, la machine économique sud-africaine tourne au ralenti, victime notamment de la chute des cours des matières premières. Après +1,3% en 2015, la croissance de son produit intérieur brut (PIB) ne devrait guère dépasser 0,5% cette année.

Vingt-deux ans après la fin officielle de l’apartheid, le pays reste perclus d’inégalités, avec un taux de chômage au plus haut depuis treize ans qui frappe 27,1% de sa population active.

Les investisseurs étrangers doutent de plus en plus de la capacité du président Zuma à faire redémarrer son économie.

Affaibli par une série de scandales de corruption, le chef de l’Etat, dont le deuxième et dernier mandat doit s’achever en 2019, est de plus en plus critiqué, y compris au sein de son parti, le Congrès national africain (ANC).

Dans son propre gouvernement, M. Zuma et son entourage s’opposent au ministre des Finances Pravin Gordhan, qui dispose de la confiance des marchés et a fait de la bonne gestion des entreprises publiques une de ses priorités.

« La lutte interne au sein de l’ANC et du gouvernement va probablement continuer l’année prochaine », a relevé Fitch. « Cela va distraire les décideurs politiques et produire des signaux qui continueront à saper le climat des investissements », ajoute l’agence.

– Résilience –

« L’économie sud-africaine a démontré sa résilience malgré les défis », a-t-il souligné dans un communiqué, « les décisions des agences de notation reconnaissent l’engagement (du pays) à maintenir des politiques économiques et d’institutions saines ».

Pour éviter une sanction des agences, le gouvernement a multiplié ces dernières semaines les signes de bonne volonté à l’endroit des investisseurs.

Pour apaiser le climat social, il a ainsi dévoilé un projet de salaire mensuel minimum. Il a aussi annoncé un étalement de son futur programme nucléaire civil, dont le coût estimé à 1.000 milliards de rands (65 mds euros) inquiète les analystes.

S’il a salué l’absence de dégradation, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a insisté sur les mises en garde adressées au pouvoir.

La note de Fitch constitue « une mise en cause caractérisée » de M. Zuma, a ainsi estimé vendredi un de ses dirigeants, David Maynier, « une preuve flagrante que la politique est en train de tuer l’économie en Afrique du Sud ».

Même si Fitch et Moody’s ont pour l’heure épargné l’Afrique du Sud, nombre d’analystes restent persuadés qu’elle ne pourra échapper à une sanction.

L’agence Standard and Poor’s doit rendre à son tour son verdict vendredi prochain.

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