RD Congo : incertitude sur un accord de sortie de crise « avant Noël »

La conclusion rapide d’un accord pour sortir la RDC de la crise provoquée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila semblait incertaine samedi matin après une nuit de négociations infructueuses entre le pouvoir et l’opposition.

Le message « Kabila dégage » tagué sur un muret d’une avenue de Kinshasa, le 19 décembre 2016. © AFP/Eduardo Soteras

Le message « Kabila dégage » tagué sur un muret d’une avenue de Kinshasa, le 19 décembre 2016. © AFP/Eduardo Soteras

Publié le 24 décembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Les délégués des deux camps ont quitté la salle du Centre interdiocésain de Kinshasa peu avant 05H30 (04H30 GMT), après une nuit de discussions sous l’égide des évêques assurant la médiation de ces pourparlers entamés à l’initiative de l?Église catholique le 8 décembre.

« Les travaux sont pratiquement finis, il nous reste le toilettage puis la signature de l’accord », a déclaré Mgr Marcel Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) après la levée de la séance. « Nous avons travaillé toute la nuit, le gros du travail est accompli ».

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Mais cet optimisme était loin d’être partagé, et le flou régnait sur la suite du programme des négociations.

« Tout bloque encore sur (la question de) la gestion (des affaires publiques) pendant la période de transition », a déclaré François Muamba, délégué de l’opposition.

« Il n’y a pas d’accord jusque-là », a confirmé Madeleine Kalala, représentante de la société civile dans la délégation du pouvoir.

Deux délégués de l’opposition ont évoqué une reprise des négociations à 11H00 (10H00 GMT) samedi, mais rien n’avait encore été arrêté par la Cenco à 07h00 (06h00 GMT).

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Aucun des délégués du camp de la Majorité présidentielle, alliance politique soutenant M. Kabila, n’a souhaité faire la moindre déclaration.

Mercredi à la reprise des négociations, Mgr Utembi avait adressé un ultimatum aux négociateurs pour qu’ils trouvent un accord « avant Noël ».

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Avant que les délégués ne s’enferment pour une nuit de discussions, le programme des évêques était de quitter la capitale samedi dans l’après-midi pour regagner leur diocèse afin d’y célébrer le soir la messe de la Nativité.

« Médiocrité grave »

Selon les grandes lignes de l’accord qui semblaient avoir été convenues jeudi soir, le texte en gestation prévoit l’instauration d’une période de transition politique permettant au président sortant de rester au pouvoir jusqu’à l’élection d’un successeur, à l’issue d’un scrutin qui devra être tenu « fin 2017 ».

Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter. Après le report sine die de la présidentielle, son second mandat s’est achevé mardi dans un climat de violences meurtrières.

« Notre classe politique est d’une médiocrité grave. Ils ont remis en cause tout ce que nous avions convenu la veille », a déclaré pendant la nuit à l’AFP un responsable à la Cenco sous le couvert de l’anonymat.

Les négociations visent à éviter le risque d’une nouvelle descente aux enfers du Congo, ravagé entre 1996 et 2003 par deux guerres ayant fait au moins trois millions de morts.

L’Église catholique a joué un rôle majeur dans l’ouverture démocratique pendant les dernières années du règne du dictateur Mobutu Sese Seko, renversé en 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l’actuel président.

Vendredi, la France a « réitéré son soutien aux efforts » de la Cenco et « encouragé les parties à faire les gestes nécessaires dans l’intérêt supérieur » du Congo.

État-continent de plus de 70 millions d’habitants, la RDC n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir depuis son indépendance de la Belgique en 1960, et sa partie orientale reste déchirée par de multiples conflits armés depuis plus de vingt ans.

Selon l’ONU, 40 civils au moins ont été tués cette semaine dans la répression de manifestations hostiles à M. Kabila à Kinshasa et dans trois autres villes congolaises par des forces de l’ordre « lourdement armées et tirant à balles réelles ».

Le bilan de ces heurts, selon la police congolaise, est de 20 morts, victimes essentiellement de « pillages » ou de « balles perdues ».

De lundi à jeudi, entre 56 et 125 personnes, selon les sources, ont péri dans des violences politiques ou interethniques dans le pays. Ces chiffres ne tiennent pas compte d’affrontements, au bilan encore inconnu, mardi, dans la ville de Kananga (centre) entre forces de l’ordre et une milice opposée au gouvernement central.

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