La demande chinoise à l’origine du massacre des éléphants d’Afrique

Entourée de dizaines de sculptures taillées dans des défenses d’éléphants d’Afrique, tués par milliers pour leur ivoire, Chen Yu, une commerçante de la capitale chinoise, assure que « les « affaires vont bien ».

La demande chinoise à l’origine du massacre des éléphants d’Afrique © AFP

La demande chinoise à l’origine du massacre des éléphants d’Afrique © AFP

Publié le 28 février 2013 Lecture : 3 minutes.

Montrant une statue en ivoire de Guanyin, déesse-mère de la miséricorde dans le panthéon bouddhiste, Mme Chen précise que cet article proposé à 1,2 million de yuans (147. 000 euros) a été « taillé à Pékin ».

La hausse de la demande en Asie pour les défenses d’éléphant et les cornes de rhinocéros entraîne la baisse des populations de ces grands mammifères sur le continent africain, accusent les organisations de protection de défense de la nature, qui soulignent l’incapacité des autorités à endiguer le trafic.

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Avant l’ouverture lundi de la conférence trisannuelle des signataires de la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées d’extinction (CITES) à Bangkok, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a demandé la semaine dernière des actions contre la Thaïlande, le Nigeria et la République démocratique du Congo pour mettre fin au carnage.

« Il s’agit d’une crise du braconnage comme nous n’avions pas vue depuis longtemps », selon un porte-parole du WWF.

En 2011, le nombre d’éléphants d’Afrique chassés pour leur ivoire s’est élevé à environ 25. 000, selon la CITES. Pour 2012, elle prédit un bilan plus lourd encore. D’après le WWF, il n’en resterait que 470. 000 au total.

La situation des rhinocéros est encore pire: 25. 000 survivants sur le continent noir, et un nombre record de 668 tués pour leurs cornes l’an dernier dans la seule Afrique du Sud. Soit une hausse de 50% sur un an.

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Selon les experts, le commerce illégal de l’ivoire a pour destination principale la Chine: à elle seule, elle représente 70% de la demande mondiale.

« La Chine est le principal marché sur lequel l’ivoire aboutit aujourd’hui », a confirmé à l’AFP Tom Milliken, de l’ONG Traffic, un réseau de surveillance de la faune sauvage.

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La croissance de la deuxième économie mondiale a créé des millions de consommateurs désireux d’acheter de l’ivoire sculpté — considéré depuis des siècles comme un symbole de statut social élevé en Chine.

Le prix de l’ivoire y a presque triplé entre 2006 et 2011, selon le Fonds international pour le bien-être des animaux (IFAW), basé au Canada. Une tendance qui fait de l’ivoire un investissement attractif et un cadeau apprécié, souligne Mme Chen.

« Nos clients n’achètent pas les sculptures pour eux-mêmes, mais en général pour offrir », assure-t-elle.

La CITES a interdit le commerce international de l’ivoire en 1989, un tournant historique qui a réduit le carnage.

Mais à la différence d’autres pays, la Chine autorise la revente d’ivoire achetée avant l’interdiction. Elle dispose également d’un stock acheté en 2008 avec l’assentiment de la CITES pour assécher le marché noir, et dont les articles sont vendus avec un certificat.

« Le principal problème est l’application de la loi contre le commerce illégal d’ivoire », selon Shi Jianbin, du bureau du WWF à Pékin.

Mme Chen assure que l’ivoire dans son magasin, couvert d’écriteaux intimant aux acheteurs de ne pas sortir du pays la marchandise, est entièrement légal.

Mais d’après l’IFAW, la contrebande d’ivoire est six fois plus importante en Chine que le commerce légal. Et la moitié des boutiques vendant de l’ivoire autorisé proposent également des produits interdits.

Des milliers d’articles en ivoire sont aussi écoulés sur des sites internet chinois, des colliers aux baguettes.

Des campagnes de sensibilisation existent, comme un panneau dans le centre de Pékin montrant la star de basket Yao Ming devant une carcasse d’éléphant.

Elles n’inquiètent guère Mme Chen. « Nous avons beaucoup de clients », affirme-t-elle en contemplant une défense longue d’un mètre dans la vitrine de son magasin. Et « les prix montent », se réjouit-elle.

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