Faux orphelins du Tchad: les responsables de l’Arche de Zoé condamnés et arrêtés
Le président de L’Arche de Zoé, Eric Breteau, et sa compagne Emilie Lelouch ont été condamnés mardi à deux ans de prison ferme et arrêtés à l’audience, pour avoir tenté d’exfiltrer depuis le Tchad et vers la France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour.
Breteau et Lelouch vont faire appel a annoncé leur avocate. Cet appel sera formalisé « dans les 24 heures », a dit Me Céline Lorenzon à l’AFP, ajoutant qu’ils déposeraient également une demande de remise en liberté.
Alors qu’ils n’avaient pas assisté au procès, qui s’est tenu du 3 au 12 décembre devant le tribunal correctionnel de Paris, les deux principaux protagonistes de cette affaire, désormais installés en Afrique du Sud, se sont présentés mardi devant la justice pour le délibéré.
Ils ont été arrêtés par les gendarmes en vertu du mandat d’arrêt qui avait été délivré à leur encontre par le tribunal, conformément aux réquisitions du parquet. Ils avaient semble-t-il envisagé un tel scénario et préparé des sacs avec leurs effets personnels.
Eric Breteau et Emilie Lelouch vont désormais être écroués et pourront demander une remise en liberté s’ils font appel. S’ils choisissent de ne pas contester leur condamnation, ils pourront demander un aménagement de peine une fois passé le délai d’appel, qui est de 10 jours.
Outre leur peine de trois ans de prison, dont un avec sursis, ils ont été condamnés à 50. 000 euros d’amende par le tribunal, qui les a reconnus coupables d’escroquerie au préjudice de 358 familles d’accueil, d’exercice illicite de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption et d’aide à l’entrée ou au séjour de mineurs en situation irrégulière.
Défiance
Pendant la lecture des motivations par la présidente Marie-Françoise Guidolin, qui a notamment souligné leur « accumulation de mensonges et de mise en scène », ils ont arboré une moue sceptique, voire défiante.
L’opération de L’Arche de Zoé avait été stoppée net le 25 octobre 2007, alors que l’association s’apprêtait à embarquer avec 103 enfants affublés de faux pansements dans un avion spécialement affrété à destination de la France.
Le couple et quatre autres bénévoles avaient été condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour tentative d’enlèvement d’enfants. Ces peines avaient été commuées en années de prison en France, avant qu’ils ne soient tous grâciés par le président tchadien Idriss Déby à la fin mars 2008.
« C’est avec une grande joie que nous apprenons la condamnation d’Eric Breteau et sa compagne. Ce qui confirme que le banditisme dénoncé par le gouvernement tchadien a été confirmé par la justice française », a réagi Me Philippe Houssené, avocat représentant l’Etat tchadien.
Accusés d’avoir joué sur le « désir d’enfants » de familles d’accueil recrutées sur des forums de discussion sur l’adoption, ils disaient vouloir sauver des orphelins du Darfour. Mais, selon plusieurs ONG, les enfants étaient pour la plupart tchadiens et avaient au moins un parent en vie.
Si, lors des réunions avant l’opération, il avait bien été précisé aux familles qu’il ne s’agissait pas dans un premier temps d’adopter les enfants, l’accusation avait estimé que la rhétorique utilisée évoquait bien cette perspective.
Christophe Letien, un membre de l’association resté en France, a été condamné à un an de prison avec sursis, tout comme le Dr Philippe Van Winkelberg.
Ce dernier avait été poursuivi par l’Etat tchadien, qui, par l’intermédiaire d’une association, lui réclamait 6,3 millions d’euros, demandant la mise à exécution de la décision au civil de la cour criminelle de N’Djamena. Mais cette demande a été rejetée par la justice française.
La journaliste Marie-Agnès Pèleran et le logisticien Alain Péligat ont quant à eux été condamnés à six mois de prison avec sursis.
L’association a été condamnée à 100. 000 euros d’amende et dissoute.
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