Le président tunisien plaide pour une annulation partielle de la dette
Le président tunisien, Moncef Marzouki, a plaidé mercredi devant le Parlement européen pour que les créanciers de son pays, dont la France, annulent au moins partiellement sa dette extérieure.
« Je voudrais ici remercier l’Allemagne d’avoir accepté de convertir une partie de notre dette – l’équivalent de 60 millions d’euros – en projets de développement », a dit M. Marzouki lors d’un discours solennel devant les eurodéputés à Strasbourg.
« Nous espérons que nos autres partenaires et notamment le premier d’entre eux, la France, fassent de même », a-t-il ajouté.
La reconversion de la dette en projets de développement « profiterait naturellement aux entreprises des pays donateurs » et contribuerait à la « consolidation de notre économie » et donc de la démocratie en Tunisie, a-t-il ajouté.
Lors d’une conférence de presse, M. Marzouki a ensuite précisé qu’une partie de la dette extérieure tunisienne a pu être « odieuse », c’est-à-dire résultant de créances contractées à son seul profit par le régime de Ben Ali.
« Le problème de la dette étrangle la révolution et la conduit à l’enlisement », a dénoncé de son côté, lors d’une autre conférence de presse à Strasbourg, le porte-parole de la branche tunisienne d’Attac et du Comité de l’annulation pour la dette du Tiers Monde, Fathi Chamkhi. Il a réclamé un moratoire sur cette dette.
Selon la députée française d’extrême gauche Marie-Christine Vergiat, qui avait invité M. Chamkhi, la dette extérieure tunisienne est proche de 20 milliards d’euros, dont un quart est détenu par la France et la Banque européenne d’investissement (BEI).
Le président du Parlement, Martin Schulz, a souligné de son côté la nécessité de rapatrier en Tunisie les fonds ayant appartenu au clan Ben Ali, gelés en Europe depuis la révolution de 2011.
« Chaque euro de la famille Ben Ali appartient au peuple tunisien et doit être retransféré dans le pays immédiatement », a-t-il plaidé au côté du président.
« Et si l’argent ne se trouve pas dans un Etat membre de l’UE, mais dans un autre Etat européen, il faut le retransférer quand même », a-t-il ajouté, sans préciser s’il pensait à la Suisse.
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