Clap d’ouverture pour le Fespaco, festival africain du cinéma
C’est avec un immense clap de cinéma que le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a ouvert le 25e Fespaco, festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, la grande fête du 7e art du continent.
Après la cérémonie au stade municipal de 5.000 places plein à craquer, le chanteur ivoirien Alpha Blondy a mis le feu avec un concert sous haute protection des forces de l’ordre, un peu plus d’un an après l’attaque jihadiste qui a fait 33 morts, en janvier 2016, dans la capitale du Burkina.
« Allah n’est pas un Dieu terroriste », a chanté le musicien dont le pays est l’invité d’honneur du festival et qui a aussi été frappé par un attentat à Grand-Bassam en mars 2016 (19 morts).
Affiches du festival, vendeurs ambulants, petits marchés: Ouagadougou s’est mise à l’heure du rendez-vous continental pour oublier les heures sombres et devenir pendant huit jours la « capitale du cinéma africain », selon l’expression de son maire Armand Pierre Beouinde.
« S’adapter aux nouvelles technologies »
Quelque 164 films de tous formats sont en compétition, dont 20 longs métrages, pour la récompense suprême, l’Etalon d’or de Yennenga. Une cinquantaine de films seront aussi présentés hors compétition.
« Pour continuer à exister le cinéma africain doit (…) s’adapter aux nouvelles technologies, se professionnaliser et rechercher les fondements de son autofinancement », a déclaré le ministre de la Culture burkinabè Tahirou Barry, soulignant l?effort du pays pour y réhabiliter 15 salles de cinéma.
« A l’heure de la mondialisation, le cinéma africain doit s’évertuer à présenter l’Afrique dans sa réalité et sa profondeur. Imiter le genre de certaines nations ne fera que nous perdre, car c’est en voulant imiter l’hippopotame dans la nage que le coq s’est noyé! », a-t-il poursuivi.
« S’il y un film cowboy aux Etats-Unis, un film hindou en Inde, un film ninja au Japon, nous devons être fiers de présenter un film simplement africain pour ne pas perdre nos repères et notre âme », a-t-il ajouté.
« Tout le monde est là »
Stars et petit peuple se retrouvent autour de l’évènement.
« En tant que comédienne, c’est important pour moi d’être au Fespaco », a déclaré à l’AFP l’actrice malienne Maïmouna Helène Diarra, qui a tourné avec les grands metteurs en scène africains, du Sénégalais Ousmane Sembène (Mooladé) au malien Cheikh Oumar Cissoko (Genèse) et au Mauritanien Abderrhamane Cissako (Bamako).
« Tout le monde est là. C’est bien pour trouver du travail. On ne peut pas rester chez soi et être connue dans le monde entier », plaisante-t-elle.
Autour du siège du Fespaco et sur la place de la Nation, au centre de la capitale, des marchés se sont mis en place.
« Je viens à tous les Fespaco pour vendre mes produits en argile (poteries, calebasses, poêlons). En général ça marche bien », raconte Bintou Sanou, 50 ans, venue de Bobo Dioulasso, 2e ville du pays, située à 400 km à l’ouest de Ouagadougou, qui dit être venue enfant dès la création du festival en 1969.
Elle regrette toutefois de ne pas pouvoir aller voir les films: « Si on nous invite on vient mais nous sommes des ‘gaous’ (considérées comme des villageois). On vient pour travailler ».
Comme à chaque édition, les organisateurs doivent faire preuve de trésors d’imagination pour assurer les projections et animations en dehors de la salle principale (1.200 places) et des six autres salles retenues, mais aussi dans des cinémas ambulants dans les quartiers, la galerie marchande, les écoles, les villages voisins de Ouagadougou…
L’événement est une des rares manifestations qui contribue au rayonnement mondial du Burkina, pays sahélien très pauvre.
Outre les 1,2 milliard de francs CFA (2 millions d’euros) de budget financé par l’Etat, le gouvernement a assuré qu’un effort particulier était fait sur la sécurité, sans vouloir divulguer les effectifs déployés.
« Toutes les dispositions ont été prises pour la sécurité des festivaliers même si le risque zéro n’existe pas », explique le commissaire Paul Sondo, responsable de la sécurité.
Les vingt longs métrages en lice pour succéder à « Fièvres » du Marocain Hicham Ayouch sont issus de quatorze pays d’Afrique et des Antilles françaises.
En marge du Fespaco se tiendra la 18e Mica, la bourse de programmes audiovisuels africains et sur l’Afrique. Une centaine de films devraient attirer producteurs, distributeurs, diffuseurs et porteurs de projets.
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