Kenya: le demi-frère de Barack Obama veut se faire un prénom

S’il est élu, son département rural de Siyaya, dans l’ouest du Kenya, dont il brigue le siège de gouverneur le 4 mars, sera « en ligne directe avec la Maison-Blanche », promet Malik Obama, demi-frère kényan du président américain, qui fait de son patronyme l’un de ses arguments de campagne.

Kenya: le demi-frère de Barack Obama veut se faire un prénom © AFP

Kenya: le demi-frère de Barack Obama veut se faire un prénom © AFP

Publié le 18 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

« Rien que grâce à mon nom de famille, j’ai les contacts pour apporter le développement à Siyaya », département de 800. 000 habitants bordant le lac Victoria et auquel est rattaché Kogelo, berceau de la famille Obama, assure Malik Obama, 54 ans, qui a vécu l’essentiel de sa vie d’adulte aux Etats-Unis.

L’ombre du prestigieux demi-frère américain, né trois ans après lui du même père kényan, Barack Hussein Obama (1936-1982) et dont la réussite l’a « inspiré et stimulé », semble omniprésente.

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« Quand je regarde le succès que mon frère a eu en Amérique, je pense que je laisserais tomber mon peuple si je ne suivais pas ses traces (. . . ) en devenant un dirigeant dévoué, honnête et appliqué », explique-t-il à l’AFP depuis la maison de la famille Obama à Kogelo.

« Mon heure est venue. Je vais rendre mon frère fier (. . . ) à travers moi, les rêves de notre père vont se réaliser et j’espère que, où qu’il soit, il nous regarde avec fierté », ajoute Malik Obama.

A sa décharge, il n’est pas le seul à mettre son nom en avant dans la campagne électorale à Siyaya. Le favori du scrutin est Oburu Odinga, frère cadet de Raila Odinga, Premier ministre kényan et chef de fait de la communauté luo dont sont aussi issus les Obama.

« Pourquoi mes concitoyens voudraient-ils se contenter d’une connexion locale, alors que je peux leur obtenir une ligne directe avec la Maison-Blanche? », ironise-t-il à propos de son adversaire, en se frayant un chemin à travers un groupe de partisans qui brandissent des posters disant: « Obama ici, Obama là-bas ».

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Physiquement, Barack et Malik ont peu en commun. S’il dépasse lui aussi largement le mètre 80, Malik, ventre replet et lunettes sur le nez, fait campagne vêtu d’un jean délavé et d’une chemise à fleurs, coiffé du kofia, le petit chapeau brodé des musulmans du monde swahili.

Comptable de formation, disant ne se reconnaître dans aucun parti kényan qui ont « laissé tomber le peuple », il estime être le bon candidat pour s’attaquer « au cycle sans fin de pauvreté et de chômage ».

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« Le monde est allé de l’avant sous divers aspects. Je veux aider les miens à le rattraper. Avoir l’eau courante et pouvoir compter sur l’électricité ne devrait pas être un problème à notre époque », explique-t-il.

Face à ses électeurs, les arguments sont plutôt minces. « Vous n’avez pas à manger, vous n’avez pas de bonnes écoles. La vie est dure pour vous les gars », lance-t-il à un groupe de jeunes gens avant de dérouler le récit détaillé de ses études couronnées de succès, et des postes qu’il dit avoir occupés dans de prestigieuses entreprises américaines, dont il refuse de dévoiler les noms.

L’homme se dit tantôt analyste financier, tantôt économiste, mais reste mystérieux sur ses employeurs actuels.

Les défis auxquels fait face Siyaya sont énormes: 30% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et les taux de prévalence du VIH et du paludisme sont parmi les plus hauts du pays.

« Je ne vais pas réinventer la roue. Je regarderai et emprunterai ce qui a fonctionné ailleurs », assure-t-il, estimant que l’un de ses principaux handicaps est que, contrairement à l’usage au Kenya, il ne distribue pas d’argent pour attirer les gens à ses meetings.

Un journaliste de l’AFP qui l’a accompagné durant une journée ne l’a effectivement vu offrir que des calendriers. . . sur lesquels il s’affiche avec son demi-frère Barack dans le Bureau ovale.

Mais ses concitoyens, confrontés à de nombreux problèmes quotidiens, ne rêvent pas tous d’Amérique.

« Malik est un homme de coeur mais (. . . ) c’est le genre d’homme qui, une fois élu, pourrait bien passer tout son mandat avec son frère en Amérique », explique à l’AFP Michael Odongo, 62 ans. « Il ne répond pas à nos problèmes immédiats (. . . ) ce ne sont pas ses discours sur l’avenir qui vont me nourrir ».

Il n’empêche, le rêve avoué de Malik Obama, pieux musulman, c’est de voir un jour McDonalds ouvrir un restaurant à Kogelo, village rural assoupi de quelques milliers d’habitants, qui compte sur le nom d’Obama pour attirer les touristes.

« Je veux que des grandes chaînes telles que McDonald ouvrent des succursales à Siyaya, afin que les habitants puissent goûter à ce que la vie a de meilleur », dit-il.

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