Libye: les familles veulent résoudre le mystère de leur « Lockerbie »
Le 22 décembre 1992, un Boeing 727 de la Libyan Airlines, s’écrasait avec 157 passagers à bord près de Tripoli: 20 ans après les familles des victimes se battent toujours pour lever le mystère.
De nombreux Libyens estiment que le vol de la Libyan Airlines LN1103 a été abattu sur ordre du régime de Mouammar Kadhafi.
L’objectif: détourner l’attention à l’approche de l’anniversaire de l’attentat ayant visé en 1988 un Boeing au-dessus de Lockerbie en Ecosse et susciter la compassion de la communauté internationale qui avait imposé des sanctions à Tripoli, accusé d’être derrière cette explosion ayant fait près de 270 morts.
Mais si l’attentat de Lockerbie a été médiatisé, peu de gens savent qu’une tragédie similaire a touché la Libye quatre ans plus tard.
« Chacun de nous était convaincu depuis le début qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Peut-être aurions-nous cru à (cette thèse) si nous avions eu un autre chef d’Etat », affirme Sharif Noha, 39 ans, qui a perdu son père dans la catastrophe.
« On a dit qu’il s’agissait d’une collision (. . . ), mais tout était orchestré. L’avion de chasse n’est jamais entré en collision » avec le Boeing, estime l’Australienne Felicity Prazak, qui veut faire la lumière sur la mort de son mari anglais.
Certains soupçonnent la présence d’explosifs à bord du Boeing 727. D’autres affirment qu’il a été abattu par un avion militaire au moment où il s’apprêtait à atterrir à Tripoli.
Le soulèvement populaire de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi a permis aux familles de se lancer dans la recherche de preuves. Les nouvelles autorités affirment être déterminées à faire toute la lumière sur cette affaire, punir les responsables et indemniser les proches des victimes.
« Beaucoup de rumeurs »
« Nous avons maintenant la possibilité de connaître toute la vérité concernant le responsable de ce crime », a déclaré samedi le président de l’Assemblée nationale libyenne, Mohamed Megaryef, lors d’une cérémonie commémorant le drame.
Le pilote de l’avion de chasse Abdel Majid Tiyyari a affirmé, dans un entretien à l’AFP, avoir passé 42 mois derrière les barreaux pour « une collision qui n’a jamais eu lieu ».
« Je suis accusé d’avoir dépassé l’altitude (autorisée) et de m’être élevé à la hauteur du Boeing 727, provoquant la collision et la mort de 157 passagers. Mais, en fait, je volais en suivant la procédure », affirme M. Tiyyari.
Il dit avoir vu « l’empennage détaché » du Boeing un instant, avant qu’une secousse ne touche l’arrière de son avion qui a alors chuté en vrille, lui et son collègue n’ayant survécu qu’en s’éjectant de la cabine de pilotage.
M. Tiyyari est convaincu qu’une analyse professionnelle des données du vol pourrait démontrer que les preuves ont été falsifiées et révéler des différences dans les altitudes rapportées des deux avions.
Il récuse les accusations selon lesquelles il aurait abattu le Boeing, affirmant que le Mig qu’il pilotait n’était pas équipé d’un porte-missile ou d’un viseur.
« Il y a beaucoup de rumeurs, mais j’ai beaucoup de réponses », assure-t-il, tout en se disant sceptique quant à l’idée que la vérité puisse être révélée de son vivant.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- La justice sénégalaise fait reporter l’inhumation de Mamadou Moustapha Ba, évoquan...
- Une « nouvelle conception de l’autorité » : Mohamed Mhidia, un wali providentiel à...
- Les sextapes de Bello font le buzz au-delà de la Guinée équatoriale
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello