Sénégal: « Président Dia », témoignages sur un chef progressiste face à Senghor

« Président Dia », film sénégalais projeté à Dakar, présente témoignages et archives rares sur l’histoire du Sénégal à travers Mamadou Dia, Premier ministre progressiste de l’indépendance et acteur, il y a 50 ans, d’une crise politique majeure avec le président Léopold Sédar Senghor.

Léopold Sedar Senghor et Mamadou Dia © AFP

Léopold Sedar Senghor et Mamadou Dia © AFP

Publié le 19 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Ce documentaire de 54 minutes, écrit et réalisé par Ousmane William Mbaye, a suscité des débats passionnés au Sénégal entre historiens, étudiants et témoins de l’époque. Il a déjà reçu des distinctions à l’étranger, dont le Tanit d’Or aux Journées cinématographiques de Carthage.

Après une brève union avec le Soudan français (actuel Mali) au sein de la Fédération du Mali d’avril à août 1960, le Sénégal a connu entre septembre 1960 et décembre 1962 un pouvoir exécutif bicéphale à régime parlementaire: Mamadou Dia est le président du Conseil du gouvernement (Premier ministre) et Léopold Sédar Senghor le président de la République.

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Ils sont proches et « complémentaires » mais en désaccord sur la marche à suivre pour le développement de leur jeune Etat, devenu indépendant de la France en 1960.

« Mon pays fut déchiré, et je n’ai rien compris », explique le réalisateur, petit garçon à l’époque, en introduction de son documentaire dans lequel s’expriment les défunts Dia et Senghor, mais aussi des proches et personnalités ayant travaillé avec eux.

Dans le lot, figurent l’ancien directeur de cabinet de Dia, le Français Roland Colin, l’ex-patron de l’Unesco Amadou Makhtar Mbow, l’écrivain Cheikh Hamidou Kane, l’ex-président et successeur de Senghor, Abdou Diouf, ainsi que l’ex-Premier ministre Moustapha Niasse selon lequel Dia était « le développeur de l’économie sénégalaise », et Senghor, « le poète, l’écrivain ».

Tentative de « Coup d’Etat en petit comité »

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Dia lui-même, musulman, partisan du modèle socialiste et ayant des idées révolutionnaires, dépeint Senghor, chrétien, comme un homme profondément francophone et francophile: « Je crois que Senghor ne concevait pas une indépendance de la France ».

Le bras-de-fer entre les deux hommes d’Etat aboutit, le 17 décembre 1962, à l’arrestation de Mamadou Dia, accusé de vouloir renverser Léopold Sédar Senghor. Ce que la presse qualifie de tentative de « coup d’Etat en petit comité » sans effusion de sang.

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Jugé avec quatre de ses ministres, Mamadou Dia est condamné en mars 1963 à la déportation perpétuelle à Kédougou (sud-est) où, raconte-t-il dans le film, « on a construit ma tombe sous mes yeux ».

Il sort de prison en 1974, puis il est gracié deux ans plus tard par Senghor. Sa mort, à l’âge de 98 ans, en janvier 2009, intervient sept ans et un mois après celle de Léopold Sédar Senghor.

Outre les témoignages, le réalisateur a recouru à des archives visuelles et sonores rares mais aussi à des images de plusieurs mois de contestation autour de l’élection présidentielle de 2012, sans en montrer les principaux protagonistes: Abdoulaye Wade qui a dirigé le Sénégal douze ans, et son ex-Premier ministre Macky Sall, qui l’a battu au second tour.

Ousmane William Mbaye, 60 ans, qui a travaillé avec de grands noms du cinéma sénégalais dont Sembène Ousmane, est l’auteur de plusieurs documentaires sur des personnalités fortes de l’histoire du Sénégal. Sa filmographie comprend notamment « Mère-Bi (La mère) », sur sa mère Annette Mbaye d’Erneville, première journaliste du pays, et « Xalima (La plume) », sur le musicien Seydina Insa Wade.

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