Famine au Soudan du Sud : les ONG redoutent une catastrophe

La famine qui ravage le Soudan du Sud pourrait virer à la catastrophe humanitaire si la communauté internationale échoue à se mobiliser, ont mis en garde des ONG lors du Forum économique mondial sur l’Afrique.

Une réfugiée sud-soudanaise en consultation médicale avec le HCR le 28 février 2017 dans l’État du Nil Blanc au Soudan, frontalier du Soudan du Sud. © AFP

Une réfugiée sud-soudanaise en consultation médicale avec le HCR le 28 février 2017 dans l’État du Nil Blanc au Soudan, frontalier du Soudan du Sud. © AFP

Publié le 5 mai 2017 Lecture : 3 minutes.

Etendue à toute la Corne de l’Afrique, cette crise alimentaire constitue l’un des principaux sujets de discussion des responsables économiques et politiques du continent réunis depuis mercredi à Durban (est), au bord de l’océan Indien.

Présidente de Stop Hunger Now, Sarai Khan a déploré auprès de l’AFP la faiblesse de l’aide internationale au Soudan du Sud.

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« C’est sinistre. Ils ont déjà connu une sécheresse majeure en 2012 et il semble qu’ils ne s’en soient jamais complètement remis », a déclaré Mme Khan, « c’est maintenant la deuxième et les ONG et les gouvernements hésitent à faire ce qui est nécessaire ».

« Si rien n’est fait, nous allons finir l’année avec 6 millions de morts », a-t-elle affirmé.

Moins alarmiste, l’ONU estime à plus de 100.000 le nombre de personnes effectivement touchées par la famine et à un million celui de la population sud-soudanaise directement menacée de l’être.

Cette situation, ajoutaient récemment les Nations unies, est la conséquence de la guerre civile qui déchire la plus jeune nation du monde — devenue indépendante du Soudan en 2011 — depuis la fin 2013, causée par des rivalités politiques et ethniques entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.

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« Besoins énormes »

L’ONU a estimé à 1,5 milliard d’euros le montant de l’aide nécessaire pour éviter un lourd bilan en vies humaines au Soudan du Sud. A ce jour, 26% à peine ont été réunis.

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« Les besoins sont énormes, le déficit d’aide aussi », s’est inquiétée auprès de l’AFP la directrice exécutive d’Oxfam Winnie Byanyima. « Il doit être comblé de toute urgence », a-t-elle insisté, « lorsque quelqu’un meurt de faim, c’est un échec car il est possible de l’empêcher en agissant rapidement ».

Ce conflit déstabilise aussi la Somalie, le Soudan, l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda voisins. Environ 1,9 million de personnes ont fui la guerre au Soudan du Sud, la plupart dans les pays limitrophes.

« J’ai visité des endroits où les gens sont coincés dans des camps dits de +protection des civils+ », a indiqué Mme Byanyima. « Les femmes y ont le choix entre souffrir de la faim ou sortir du camp pour trouver à manger avec le risque de se faire violer ».

A des milliers de kilomètres plus à l’est, le Nigeria lui aussi connaît une situation alimentaire très difficile.

« Je reviens juste du nord-est du Nigeria, dévasté par (le groupe islamiste) Boko Haram », a ajouté la responsable d’Oxfam. « Là-bas, 47.000 personnes souffrent de la faim et 5 millions d’autres pourraient connaître le même sort dans les prochains mois ».

Selon le vice-coordinateur de l’ONU pour le Nigeria, Peter Lundberg, les agences humanitaires qui travaillent dans le pays auront dépensé leurs derniers dollars dès le mois prochain.

« Paradoxe africain »

Avant le forum de Durban, le vice-ministre sud-africain des Finances Sifiso Buthelezi a souligné le paradoxe de la persistance de la famine sur un continent doté de vastes ressources naturelles.

« L’agriculture est l’un des points de ce paradoxe africain », a-t-il estimé. « Vous y trouver de vastes terres mais notre peuple meurt de faim. Il faut à tout prix faire quelque chose ».

Pour Winnie Byanyima, la solution passe par une réforme du système d’intervention et de maintien de la paix de l’ONU.

« Le Conseil de sécurité est incapable d’exercer la moindre pression sur les dirigeants irresponsables comme ceux du Soudan du Sud », regrette la directrice d’Oxfam, « les conflits se prolongent faute de moyen efficace de les résoudre ».

Le nouveau chef du Fonds international de développement agricole (FIDA), Gilbert Houngbo, a insisté sur l’obligation de préparer dès maintenant le retour à la paix au Soudan du Sud.

« Nos personnels s’activent déjà à préparer un redémarrage rapide », assure-t-il, « ce sera difficile mais pas impossible ».

Comme c’est devenu la règle dans ce type de forum, un « people » est venu jusqu’à Durban rappeler aux dirigeants de la planète leurs responsabilités dans la crise soudanaise.

« La communauté internationale doit continuer à tout faire pour favoriser la paix dans le pays », a lancé l’acteur américain Forest Whitaker, « ils ne peuvent pas juste laisser tomber parce que c’est compliqué et difficile ».

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