Rachid Taha: les révolutions arabes, « un printemps sans rose, sans fleur »

Rachid Taha est venu présenter aux Trans Musicales de Rennes son nouvel album à paraître en mars, une « rencontre entre Elvis Presley et Oum Kalsoum » sur lequel le chanteur écorché évoque la montée du racisme et les révolutions arabes, « un printemps sans rose, ni fleur ».

Rachid Taha: les révolutions arabes, « un printemps sans rose, sans fleur » © AFP

Rachid Taha: les révolutions arabes, « un printemps sans rose, sans fleur » © AFP

Publié le 8 décembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Depuis ses débuts en 1981 avec Carte de Séjour et sa reprise de « Douce France », le chanteur algérien arrivé en Alsace à l’âge de 10 ans, fait entendre sa voix de « désorienté », discordante et sans langue de bois.

« Pour moi, la musique est liée à la politique. En France, les musiciens restent toujours neutres, il y a un côté petit-bourgeois qui se dégage », déplore-t-il.

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« Moi, je ne vois jamais de rockeurs dans les boîtes de rock. On les voit dans les soirées mondaines, au mariage de Carla Bruni, mais jamais dans les endroits punk. Quand on les voit, c’est parce que leur femme les a quittés! », lance-t-il.

Sur son nouvel album, « Zoom » à paraître en mars, il a tenu à reprendre un de ses anciens titres « Voilà, Voilà ».

La chanson avait été écrite en 1993 pour dénoncer la montée du racisme. « Voilà, voilà que ça recommence/Partout, partout et sur la douce France/Voilà, voilà que ça recommence/partout, partout ils avancent », chantait-il sur une musique électro dansante.

La version 2012, sur laquelle il a invité des artistes engagés comme Eric Cantona, Rachida Brakni et Agnès B. , est plus dure, plus électrique.

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« C’est une facon de dire que la situation est pire qu’avant parce qu’on a civilisé la xénophobie. Elle est dans tous nos entourages, dans les médias, dans les préfectures », dit-il à l’AFP.

« Quand tu penses qu’il y a encore des immigrés qui font la queue la nuit jusqu’à cinq heures du matin pour avoir des papiers, ça m’écoeure », ajoute-t-il.

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Sur « Zoom », Rachid Taha évoque aussi les révolutions arabes.

« Les gens ont beaucoup repris mes chansons dans les manifs en Tunisie, en Egypte », alors qu’en 31 ans de carrière « je n’ai pas beaucoup tourné dans les pays arabes » faute de « démocratie », note-t-il.

« Mais c’est un printemps sans rose, sans fleur. Quand on voit ce qui se passe: remplacer des fascistes par d’autres fascistes, remplacer le choléra par la peste, ça fait mal », estime le musicien.

« L’Occident a voulu tutoyer le diable, l’Occident en est là. Moi je ne connais pas de musulman modéré, comme je ne connais pas de catholique modéré ou de juif modéré », ajoute-t-il, se disant « persuadé qu’on se prépare à la guerre civile en Egypte ».

Rachid Taha, qui s’est fait connaître à travers le monde en faisant se tutoyer le rock, la world et les musiques électroniques, décrit son nouvel album comme « la rencontre entre Oum Kalsoum et Elvis Presley ».

« C’est Memphis et Le Caire, l’orient et le +désorient+. Ce sont des gens qui se rejoignent. Que tu ailles en Arizona ou en Afrique du Nord, le désert c’est le même », dit-il.

Le musicien, qui aime être entouré — « c’est mon côté orphelin », dit-il –, a réuni un casting prestigieux, dont Rodolphe Burger, l’ancien guitariste des Clash Mick Jones et le producteur Brian Eno.

Même à l’époque où il travaillait à l’usine, Rachid Taha dit « avoir toujours su » qu’il allait croiser la route de ses grands noms du rock, « parce qu’ils font partie de mon monde ».

« A l’origine, Rachid et moi venons du même endroit, le punk », acquiesce Mick Jones venu l’accompagner aux Trans Musicales de Rennes. « Travailler avec lui, c’est magnifique », confie-t-il à l’AFP.

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