Tunisie: une femme violée par des policiers bénéficie d’un non-lieu
Une jeune femme tunisienne, violée par des policiers et qui risquait d’être inculpée pour atteinte à la pudeur a bénéficié d’un non-lieu, ont indiqué jeudi ses avocats dans cette affaire qui avait provoqué un vaste scandale en Tunisie et à l’étranger.
« Les accusations ont été abandonnées pour manque de preuves. Et le juge a décidé de traduire (en justice) deux policiers pour viol, et un troisième pour corruption », a indiqué à l’AFP Me Bochra Belhaj Hmida.
« La jeune femme et son fiancé ont bénéficié d’un non-lieu », a indiqué une autre avocate, Me Emna Zahrouni, à l’antenne de Mosaïque FM.
Le viol de cette jeune femme de 27 ans début septembre par deux agents de police a entraîné un vaste scandale, la victime risquant d’être poursuivie pour « atteinte à la pudeur », un délit passible de six mois de prison.
Les policiers affirmaient avoir surpris la jeune femme et son fiancé en train d’avoir des relations sexuelles dans leur voiture, garée dans une banlieue de Tunis.
Selon le parquet, c’est alors que deux des agents ont violé leur victime.
Le troisième policier avait pour sa part conduit le petit ami de la jeune femme dont l’anonymat a été préservé, jusqu’à un distributeur de billets pour lui extorquer de l’argent.
Cette affaire a entraîné une vaste mobilisation de la société civile et de la classe politique tunisiennes.
Des opposants, des ONG et des médias estimaient que les déboires judiciaires de la victime illustraient la politique à l’égard des femmes menée par les islamistes d’Ennahda qui dominent le gouvernement tunisien.
Ces derniers, bien qu’ils le réfutent, sont accusés de chercher à revenir sur les droits des femmes en Tunisie.
Les Tunisiennes bénéficient du Code de statut personnel promulgué en 1956 instaurant l’égalité des sexes dans certains domaines, une situation unique dans le monde arabe. Elles restent cependant discriminées dans plusieurs cas, notamment en ce qui concerne les héritages.
Les islamistes d’Ennahda avaient déclenché un large mouvement de contestation en août en proposant d’inscrire dans la nouvelle Constitution la « complémentarité » des sexes et non l’égalité, un projet abandonné finalement en septembre après une vaste mobilisation de la société civile.
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