Tunisie: l’interdiction d’une interview du gendre de Ben Ali fait scandale
Des figures politiques et médiatiques tunisiennes ont dénoncé vendredi un acte de « censure » après l’interdiction faite à la chaîne Ettounsiya TV de diffuser un entretien avec Slim Chiboub, un gendre du président déchu Zine El Abidine Ben Ali.
![Tunisie: l’interdiction d’une interview du gendre de Ben Ali fait scandale © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2012/11/23/photo_1353667728315-1-0.jpg)
Tunisie: l’interdiction d’une interview du gendre de Ben Ali fait scandale © AFP
« On est revenu à la censure, c’est pire qu’avant » la chute de Ben Ali en janvier 2011, a jugé Tahar Ben Hassine, patron de la chaîne satellitaire El Hiwar El Tounsi, à l’antenne de la radio Mosaïque FM.
Ce dernier a indiqué être prêt à diffuser l’interview de Slim Chiboub à la place d’Ettounsiya TV dès vendredi 21H00 (20H GMT). « Nos acquis sont menacés, s’ils (les islamistes d’Ennahda qui dirigent le gouvernement, Ndlr) veulent me poursuivre, qu’ils le fassent », a-t-il dit.
M. Ben Hassine a souligné qu’Ettounsiya TV ne pouvait pas passer outre la décision d’un tribunal d’interdire la diffusion de l’entretien, relevant que la chaîne est dans une situation compliquée depuis le placement en détention provisoire de son patron, Sami Fehri.
« Nos collègues sont dans une situation délicate, leur patron est en prison, ils ne peuvent pas défier l’arbitraire du pouvoir », a-t-il estimé.
Des députés se sont joints à ces critiques, jusqu’au sein du Congrès pour la République (CPR), un parti laïc allié à Ennahda.
« C’est une erreur. Cela peut conduire à bien des spéculations et des condamnations », a relevé à l’antenne de Mosaïque la député Samia Abbou, ajoutant: « il n’y a pas de base légale pour empêcher la diffusion de cette émission ».
Le tribunal de première instance de Tunis a interdit la diffusion jeudi soir de l’interview, à la demande du « chargé du contentieux de l’Etat ».
Le Premier ministre Hamadi Jebali, un des dirigeants d’Ennahda, a justifié cette décision jeudi soir, estimant selon l’agence officielle TAP que cette interview « est un prélude pour une +normalisation+ planifiée des symboles de l’ancien régime ».
« Nous ne tolèrerons pas ce plan machiavélique », a ajouté le chef du gouvernement.
Ennahda a été accusé à plusieurs reprises de chercher à contrôler la ligne éditoriale de plusieurs médias à qui le parti reproche d’être au service des tenants du régime déchu.
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