Vols de zébus à Madagascar: Amnesty dénonce « la violence aveugle » contre les civils
Amnesty International a appelé mardi les autorités malgaches à maîtriser les forces de sécurité déployées dans le Sud pour lutter contre les razzias de zébus, en se livrant « à des actes de violence aveugle ».
Villageois brûlés vifs dans l’incendie de leur maison, récoltes anéanties, exécutions sommaires dont une enfant de six ans, un handicapé ou des parents et l’épouse d’un suspect: les témoignages recueillis par l’ONG font froid dans le dos, la version anglaise de son communiqué évoquant même « le meurtre d’Etat en série de civils ».
« Nous entendons parler de personnes et de populations sanctionnées et persécutées dans le Sud. Ces mauvais traitements pourraient constituer des atteintes aux droits de l’homme d’une ampleur choquante », a souligné l’ONG.
Amnesty a appelé le gouvernement non élu d’Andry Raejolina à ouvrir une enquête indépendante et traduire en justice les responsables, « parmi lesquels des membres hauts gradés des forces de sécurité ».
« Les violences de ces derniers mois font craindre le pire pour la sécurité des civils de la région à l’approche de l’élection présidentielle prévue en mai 2013 », a ajouté Amnesty.
« Au moins 250 personnes sont mortes cette année aux alentours de Fort-Dauphin, dans le cadre de ce que les autorités décrivent comme des affrontements entre villages déclenchés par des vols de bétail. Amnesty craint que ce chiffre ne soit bien en-deçà de la réalité » selon son communiqué.
Le Sud de Madagascar, dans l’arrière-pays montagneux de Fort Dauphin, vit depuis longtemps au rythme des razzias de bétail.
Mais la violence liée au trafic de zébus a atteint un niveau jamais vu et s’est muée en un cycle de combats dans cette zone difficile d’accès, suivi depuis septembre d’une opération spéciale des forces de sécurité dénommée « Tandroka », ou corne.
La semaine dernière, l’état-major s’était défendu, affirmant n’avoir tué « que des dahalos », autrement dit, des trafiquants de zébus, « et lors des accrochages ».
Faux, selon Amnesty.
« Des témoins ont signalé que des personnes âgées, des handicapés moteurs, des enfants et d’autres personnes se trouvant dans l’incapacité de fuir leur domicile ont été brûlés vifs quand les forces de sécurité ont incendié des villages sans aucun discernement dans le cadre de cette opération militaire », selon son communiqué.
Dans la commune d’Elonty, 95 maisons ont été brûlées par des membres des forces de sécurité, qui ont tué au moins 11 personnes dont une fillette âgée de six ans.
« Des suspects ont été exécutés de manière extrajudiciaire lors de ces descentes, notamment un handicapé dans le village de Numbi en septembre, et les parents et l’épouse d’un suspect bien connu dans le commune de Mahaly en octobre », ajoute l’ONG, faisant allusion au chef des dahalos, Remenabila.
Parallèlement à ces violences, les forces de l’ordre ont brillé par leur inaction coupable à d’autres moments.
« Au moins deux témoins ont expliqué que les autorités avaient été informées de l’imminence d’une attaque contre un village par des personnes vivant à proximité: les autorités n’ont rien fait et au moins 86 personnes ont été tuées à coup de machettes », selon Amnesty, évoquant un épisode qui s’est produit début septembre.
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