Les Sénégalais aux urnes pour des législatives tests

Les Sénégalais ont commencé dimanche à voter pour renouveler leur Assemblée nationale lors de législatives tests à deux ans de la présidentielle de 2019, à l’issue d’une campagne émaillée de violence.

Les affiches électorales à Dakar le 29 juillet 2017. © Seyllou/AFP

Les affiches électorales à Dakar le 29 juillet 2017. © Seyllou/AFP

Publié le 30 juillet 2017 Lecture : 3 minutes.

Les quelque 6,2 millions d’électeurs doivent se rendre dans près de 14.000 bureaux de vote répartis dans le pays et dans huit « départements de l’étranger » pour la diaspora dispersée dans le monde entier.

Au Sénégal même, les bureaux devaient ouvrir à 08H00 GMT pour permettre aux électeurs de départager un nombre record de listes — 47, contre 24 en 2012.

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Mais des retards de 15 à 30 minutes ont été rapportés dans plusieurs bureaux par les médias locaux, certains centres de vote ayant dû être nettoyés après le violent orage qui s’est abattu sur le Sénégal samedi soir.

« On vient de démarrer. Tout le matériel est en place », a déclaré à l’AFP Ismael Coly, président du bureau numéro 6 du centre de vote de Mbao, dans la banlieue de Dakar, où la cour de l’école était pleine d’électeurs.

Les bureaux doivent fermer à 18H00 GMT et les premiers résultats de ce scrutin à un tour sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi.

Face aux partisans du chef de l’Etat Macky Sall, l’opposition avance divisée, avec comme têtes de liste principales son prédécesseur, le nonagénaire Abdoulaye Wade, et le maire de Dakar, Khalifa Sall, en détention préventive pour une affaire de détournement de fonds présumé.

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Signe de la tension des derniers jours, le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, a décrété vendredi « pour des raisons de sécurité » une interdiction de circuler entre les régions du pays le jour du vote, de minuit à minuit.

Des responsables politiques et religieux ont quant à eux lancé des appels au calme. Car la campagne a été émaillée de violences qui ont fait de nombreux blessés à travers ce pays pourtant réputé en Afrique pour sa tradition démocratique.

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Majorité confortée ou cohabitation

Un enjeu de cette dernière consultation avant la présidentielle sera de mesurer les forces du camp du président Sall, élu en 2012 face à son prédécesseur, M. Wade (2000-2012), et qui espère consolider sa majorité.

L’opposition affirme de son côté vouloir lui imposer « une cohabitation », mais ses chances ont diminué après son échec à s’entendre sur une liste commune.

Le nombre de sièges à l’Assemblée nationale passe de 150 à 165, en vertu d’une révision constitutionnelle adoptée en mars 2016 et créant 15 députés pour représenter la diaspora.

Sur les 165 sièges, 105, dont les 15 de la diaspora, seront pourvus au scrutin majoritaire, un système très favorable au parti qui terminera premier dans chaque département, puisqu’il en raflera tous les sièges. Soixante autres sièges seront pourvus à la proportionnelle.

Les derniers jours de campagne ont aussi été marqués par une controverse sur la délivrance des cartes d’identité biométriques permettant aux citoyens de voter, dont plusieurs centaines de milliers n’ont pas été fournies à temps.

Saisi par M. Sall, le Conseil constitutionnel a autorisé in extremis le vote avec le récépissé de dépôt de carte d’électeur, accompagné d’une pièce d’identité.

L’opposition a rejeté avec véhémence la mesure, estimant qu’elle pourrait faciliter des tentatives de fraude en faveur du pouvoir.

M. Wade, toujours chef, à 91 ans, du Parti démocratique sénégalais (PDS), accuse les autorités d’avoir délivré les cartes de manière sélective afin d’éviter une victoire de l’opposition.

Un rassemblement non autorisé de ses partisans mardi à Dakar pour les réclamer a été dispersé par les forces de l’ordre, qui ont procédé à une trentaine d’arrestations, selon son entourage.

De retour le 10 juillet après plus de deux ans d’absence, il affirme s’être lancé dans la bataille électorale pour chasser du pouvoir Macky Sall qu’il accuse d’avoir « détruit le Sénégal ».

Le camp présidentiel l’accuse en retour de se présenter pour favoriser une amnistie pour son fils et ancien ministre, Karim, condamné en 2015 à six ans de prison pour « enrichissement illicite », afin de lever toute hypothèque sur son éligibilité et de lui ouvrir la voie à une éventuelle candidature à la présidentielle de 2019.

Gracié en juin 2016 par le président Sall, Karim Wade réside depuis à l’étranger.

Une autre liste de l’opposition est menée par le maire de Dakar, considéré comme probable prétendant à la prochaine présidentielle, en détention depuis mars pour détournement de fonds présumé, des accusations qu’il rejette.

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