Ghana: la justice refuse de libérer une frégate argentine retenue près d’Accra

Une frégate de la marine argentine reste bloquée près d’Accra et son équipage patiente au port, la justice ghanéenne ayant refusé jeudi, en appel, de libérer le navire retenu sur ordre d’un tribunal local suite au recours d’un fonds spéculatif porteur de titres de dette argentins.

 Ghana: la justice refuse de libérer une frégate argentine retenue près d’Accra © AFP

 Ghana: la justice refuse de libérer une frégate argentine retenue près d’Accra © AFP

Publié le 11 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

« Ce qui nous a été présenté par le plaignant (l’Argentine) n’est pas suffisant pour revenir sur la décision de justice. L’appel est rejeté », a déclaré Richard Adjei Frimpong, juge du Tribunal de commerce d’Accra.

La frégate ARA Libertad est retenue à Tema, le principal port ghanéen, à 25 kilomètres à l’est d’Accra, depuis le 2 octobre suite à un recours intenté devant la justice ghanéenne par le fonds spéculatif NML, détenteur de titres de dette argentins.

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Le majestueux voilier de trois-mâts, qui sert de bâtiment école à la marine argentine, patiente donc à quai, coincé entre un bateau de croisière et un chalutier, plusieurs dizaines de marins faisant les cent pas sur le pont, l’un d’eux sautant à la corde, a pu observer jeudi un journaliste de l’AFP.

L’équipage, qui compte 200 membres selon l’avocat du gouvernement argentin, est composé de plusieurs nationalités, selon les détails communiqués par la marine argentine. Parmi eux se trouvent 69 Argentins, 8 Uruguayens, 15 Chiliens, un Bolivien, un Brésilien, un Paraguayen, un Surinamien, un Sud-Africain et un Vénézuélien.

Ils sont autorisés à sortir du navire et à circuler librement, selon le directeur général du port.

« Personne ne les force à rester à bord du navire, ils sont libres de bouger, » a déclaré Richard A. Y. Anamoo.

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« Je ne sais pas pour combien de jours on est ici », a confié Luis Melian, le porte parole du Libertad.

Les avocats de l’Argentine ont fait valoir l’immunité dont jouit, selon eux, le navire militaire. Mais, selon la cour, l’Argentine avait déjà levé cette immunité en contractant sa dette auprès du fonds NML.

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Larry Otu, avocat du gouvernement argentin, a demandé à ce que le navire puisse faire le plein de carburant afin de pouvoir continuer à faire tourner ses générateurs. La Cour a répondu que les deux parties devraient s’entendre directement à ce sujet ainsi que sur d’autres questions de logistique.

Selon M. Anamoo, le bateau peut faire le plein depuis son emplacement actuel.

Aucune date n’a été fixée pour une prochaine audience.

L’Argentine a rééchelonné 93% de sa dette privée qui avoisinait les 100 milliards de dollars avec les intérêts en 2001, lorsque le pays s’était trouvé en défaut de paiement.

La plupart des 7% restants sont entre les mains de fonds spéculatifs qui ont lancé des procédures judiciaires.

Dans un communiqué intitulé « Attaque des fonds vautours contre l’Argentine », le ministère argentin des Affaires étrangères avait dénoncé le 3 octobre un « piège tendu par des financiers sans scrupules ». Pour Buenos Aires, le fait que le Ghana retienne son navire-école « est contraire à la Convention de Vienne sur l’immunité diplomatique. « 

Les autorités portuaires ghanéennes considèrent quant à elles qu’elles ne font qu’appliquer une décision de justice.

Dans le passé, la présidence argentine a dû à deux reprises, en 2007 et 2010, renoncer à utiliser l’avion présidentiel, le Tango 01, pour éviter qu’il ne soit saisi à l’arrivée aux Etats-Unis et en Allemagne.

Les fonds spéculatifs avaient aussi réussi à geler brièvement les fonds du Banco Nacion argentin à New York et de l’ambassade argentine à Paris, mais à chaque fois l’Argentine était parvenue à les débloquer en faisant valoir qu’ils étaient protégés par l’immunité diplomatique.

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