Angola: l’introuvable changement post-électoral

Au pouvoir depuis 33 ans et facilement réélu en août, le président angolais José Eduardo dos Santos a promis du changement. Les observateurs et l’opposition se demandent aujourd’hui lequel au vu de la composition de son gouvernement, quasiment cloné sur le précédent.

Angola: l’introuvable changement post-électoral © AFP

Angola: l’introuvable changement post-électoral © AFP

Publié le 10 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

« Le récent remaniement ministériel ne montre pas de changement dans le fonctionnement du pouvoir, centré autour du président dos Santos et fondé sur le clientélisme pour maintenir une unité », souligne Alex Vines, directeur de recherche à l’institut londonien Chatham House.

« On aurait pu penser que José Eduardo dos Santos allait ouvrir son gouvernement à certains membres de la société civile, mais ce n’est pas le cas », regrette le sociologue angolais João Paulo Ganga.

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« C’est le même groupe restreint, issu du même parti politique, le MPLA, qui continue à détenir le monopole du pouvoir en Angola », juge aussi le professeur de journalisme à l’Université catholique angolaise Celso Malavoloneke.

La nouvelle équipe, à l’effectif pléthorique selon l’opposition qui critique un gaspillage d’argent public au détriment des besoins de beaucoup d’Angolais toujours sans eau courante, électricité ou logement, compte peu de nouveaux venus.

Sur les 35 ministres, 21 ont été reconduits à leur poste, dont les portefeuilles clé de l’Economie, des Affaires étrangères et de la Défense, alors que sept autres étaient déjà vice-ministres ou secrétaires d’Etat.

Seul mouvement majeur, le président a demandé à un proche, Fernando da Piedade dos Santos, dit « Nando », de quitter la vice-présidence pour céder la place à celui qui est désormais considéré comme son dauphin, Manuel Vicente, 56 ans.

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Ex-patron de la Sonangol, la compagnie nationale pétrolière, M. Vicente devient ainsi officiellement le deuxième homme fort du régime.

Mais rien n’indique que M. dos Santos, 70 ans, ait une quelconque intention de lui passer la main à court terme.

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« Nous allons consacrer davantage de moyens à l’amélioration des conditions de vie des Angolais », a-t-il promis dans son discours d’investiture, alors que les attentes sociales de la population n’ont jamais été aussi fortes.

L’Angola a affiché une croissance moyenne autour de 10% sur la dernière décennie mais la majorité de ses habitants vit avec moins de deux dollars par jour. Des manifestations de jeunes se succèdent depuis un an et demi.

« Au regard des événements d’Afrique du Nord l’an dernier et de la situation actuelle en Afrique du Sud, l’exécutif angolais sait que des progrès sociaux sont nécessaires si le MPLA veut rester au pouvoir », ajoute M. Vines.

Mais « le principal message adressé par le pouvoir est celui de la continuité à court terme », ajoute-t-il. « A plus long terme toutefois l’enjeu est celui du changement. A savoir, quand dos Santos quittera-t-il le pouvoir et est-ce que Manuel Vicente lui succèdera ? ».

Durant la campagne électorale, M. dos Santos s’était engagé à mieux distribuer les richesses issues du pétrole dont l’Angola est le deuxième producteur africain.

De « vaines promesses », se désole aujourd’hui l’opposition. « Nous n’attendons rien de ce gouvernement dont nous ne reconnaissons pas la légitimité après un processus électoral frauduleux, et qui ne pense qu’à s’enrichir », a critiqué Alcidès Sakala, porte-parole de l’Unita, le principal parti d’opposition.

Seul gage de changement, le pays a un nouveau plan quinquennal 2013-2017 adopté au premier conseil des ministres et qui prévoit notamment la diversification de l’économie et des politiques de lutte contre le chômage.

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