RDC : recensement dans le Kasaï, fragile espoir de paix et d’élections

« La paix est revenue au Kasaï! ». Les autorités de la République démocratique du Congo veulent voir un signe d’espoir avec le début du recensement des électeurs dans cette région troublée du centre du pays, où la situation humanitaire est aussi fragile que la possibilité d’organiser des élections d’ici la fin de l’année.

Des personnes déplacées ayant fui les violences dans le Kasaï, le 6 juin 2017 à Gungu en République démocratique du Congo. © AFP / JOHN WESSELS

Des personnes déplacées ayant fui les violences dans le Kasaï, le 6 juin 2017 à Gungu en République démocratique du Congo. © AFP / JOHN WESSELS

Publié le 15 septembre 2017 Lecture : 3 minutes.

Plusieurs fois reporté officiellement pour des raisons sécuritaires, l’enregistrement des électeurs n’a commencé que mardi dans les deux provinces du Kasaï, alors que les autorités affirment avoir déjà enregistré 42 millions d’électeurs dans les 24 autres provinces du pays.

Ancien havre de paix comparé aux turbulences qui secouent depuis 20 ans l’est du pays, le Kasaï s’est embrasé il y a un an après la mort en août 2016 du chef coutumier Kamuina Nsapu, qui s’était soulevé contre le pouvoir de Kinshasa.

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Les violences extrêmes entre forces de sécurité et milices Kamuina Nsapu ont fait plus de 3.000 victimes d’après l’Église catholique, et 1,4 millions de déplacés internes d’après les Nations unies.

Dans ce contexte, l’ouverture des premiers bureaux d’enregistrement mardi dans les villes représente « une preuve éloquente que la paix est revenue dans l’espace Grand Kasaï », s’est félicité le gouverneur intérimaire du Kasaï Central, Bernard Kambala Kamilolo.

Dans un centre installé à l’intérieur d’une école catholique à Kananga, les demandeurs attendent en file indienne, impatients de mettre la main sur cette carte d’électeur qui représente aussi un document d’identité.

« Je suis ici depuis cinq heures, j’ai pu obtenir le jeton à sept heures et c’est vers onze heures que je viens d’avoir ma carte. J’en suis très content car en tant qu’étudiant, cette carte me permet d’éviter les tracasseries », raconte Glody Kabongo à un correspondant de l’AFP.

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Ailleurs, dans un quartier très touché par les affrontements entre l’armée et les miliciens Kamuina Nsapu, les demandeurs n’arrivent qu’au compte-goutte car de nombreux habitants ont fui et grossi le rang des déplacés internes, explique Mamie Kakubi, bourgmestre de Nganza, l’une des cinq communes de Kananga.

Calendrier électoral compromis

« Je suis déterminé à rester ici le temps nécessaire pour avoir ma carte, qui va me permettre de voter à la fin de cette année afin de choisir des dirigeants qui vont améliorer la sécurité dans notre province », espère un homme d’une cinquantaine d’années, Emery Nondo.

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Petite réserve : les bureaux de recensement n’ont ouvert qu’à Kananga et l’autre grand ville du Kasaï, Tshikapa. Ailleurs, en milieu rural, l’heure n’est encore qu’à la formation du personnel électoral, pour au moins une semaine, d’après la commission électorale.

Or le recensement dans le Kasaï doit durer 90 jours à compter de l’ouverture du dernier bureau, soit au moins jusqu’à la fin décembre.

Ce calendrier compromet fortement l’organisation « au plus tard en décembre 2017 » d’élections présidentielles, législatives et provinciales avant la fin de l’année, comme le prévoit toujours officiellement un accord pouvoir-opposition conclu le 31 décembre 2016 sous l’égide de l’Église catholique.

Cet accord était supposé désamorcer la crise politique et les risques de violences liés au maintien au pouvoir du président Joseph Kabila après la fin de son deuxième mandat le 20 décembre 2016. La Constitution ne lui permet pas de se représenter.

Malgré une « accalmie » dans les combats, la situation humanitaire reste très critique dans le Kasaï, où les nombreuses agences des Nations unies tirent régulièrement la sonnette d’alarme.

Dernière en date, le Fond des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a annoncé vendredi avoir lancé une campagne pour aider 150.000 enfants à retourner à l’école.

Selon l’Unicef, 440.000 enfants ont été empêchés de terminer l’année scolaire précédente en raison de l’insécurité.

« Plus de 400 attaques sur des écoles ont été documentées et la peur de la violence fait que de nombreux parents sont réticents à envoyer leurs enfants à l’école », écrit l’Unicef.

Les violences ont aussi pris pour cible de nombreux bâtiments de l’Église catholique, très influente en RDC, a déploré le nonce apostolique, Mgr Luis Mariano Montemayor, de retour d’une mission de cinq jours dans le Kasaï.

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