Centrafrique : 26 morts, le sud-est dans une nouvelle spirale de violences

Au moins 26 personnes ont été tuées au cours d’un affrontement mercredi dans le sud-est de la Centrafrique, a appris l’AFP vendredi auprès de l’ONU, à quelques jours d’une visite du secrétaire général des Nations unies dans cette région.

Image d’archive datant de 2013, montrant un groupe de miliciens anti-balaka à Bangui. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Image d’archive datant de 2013, montrant un groupe de miliciens anti-balaka à Bangui. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 21 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

60 morts civils et 22 combattants à Gambo début août, au moins une vingtaine de morts à Kembe mi-octobre, et au moins 26 à Pombolo mercredi: Le long de la « RN2 », grande piste qui traverse une forêt verdoyante et relie Alindao à Bangassou, les affrontements se sont multipliés ces dernières semaines.

L’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC), faction de l’ex-Séléka pro-musulmane à majorité peul dirigée depuis Alindao, y lutte contre des combattants anti-Balaka, basés à Bangassou, ville sous la coupe de ces milices prétendant défendre les chrétiens.

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A Pombolo, au moins 26 personnes ont été tuées mercredi, selon l’ONU, dans une attaque des anti-Balakas, entraînant une contre-offensive de l’UPC.

Ce dernier groupe armé avait initialement annoncé la mort de 150 personnes, présentant sur les réseaux sociaux des photos comme étant celles des victimes.

L’accès à l’information dans cette zone est compliquée, sans réseau téléphonique. Sseuls quelques téléphones satellitaires appartenant à l’UPC rendaient compte – de manière partiale – des événements mercredi et jeudi.

« Il n’y a aucune ONG ni Casques bleus (de façon permanente) dans la zone », note le directeur pays du Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, Joseph Inganji.

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Depuis Bangassou, l’ONU a dépêché jeudi des soldats gabonais et marocains. Deux Casques bleus ont été blessés vendredi, selon des sources onusiennes, et les affrontements ont repris dans la ville.

Il y aurait « une centaine » de blessés à Pombolo, selon des sources humanitaires et de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca). Un hélicoptère de l’ONU a essayé de se poser vendredi dans la ville pour les évacuer, mais n’a pu le faire en raison des combats, selon des sources de l’ONU.

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Des sources concordantes affirment à Bangassou que des éléments anti-balakas sont partis vendredi de Bangassou vers Pombolo.

Des déplacés sont attendus à Bangassou et Alindao après ces nouveaux actes de violence. A Bangassou, 31 blessés ont déjà été admis à l’hôpital, tenu par Médecins sans frontières (MSF).

« C’est dur de savoir qu’il y a des blessés de Pombolo qu’on ne peut pas recevoir à l’hôpital de Bangassou pour des raisons communautaires, sans mettre en danger notre personnel médical et les patients eux-mêmes », dit à l’AFP Lindis Hurun, coordinatrice MSF à Bangassou.

– Visite de Guterres –

Le 10 octobre, les anti-Balakas ont attaqué la ville voisine de Kembe, sans qu’un bilan précis du nombre de victimes, ni des circonstances de l’attaque, ne soit disponible vendredi.

De sources concordantes, au moins une vingtaine de personnes y auraient été tuées.

Le 3 août, l’UPC avait pris d’assaut Gambo, entre Kembe et Bangassou. « Avec des armes, avec des machettes, ils ont égorgé des gens », racontait à l’époque à l’AFP un survivant de l’attaque, qui a fait 60 morts civils et 22 parmi les membres de l’UPC. Aucun bilan du côté anti-Balaka n’a été communiqué.

Les combats ont duré plusieurs jours, avant que les anti-Balaka échouent à prendre la localité.

Ces nouveaux massacres ont déclenché une vague d’indignation et de soutien de la part des musulmans centrafricains: des journées ville-morte ont été organisées à Birao (nord), Bria (est) et Bangui.

Le gouvernement centrafricain a réagi vendredi à cette nouvelle flambée de violences dans le sud-est en exprimant sa « ferme condamnation de ces actes de barbarie », selon un communiqué du ministre de l’Administration du territoire, Jean-Serge Bokassa. Il a appelé la Minusca à « faire preuve de plus d’engagement et à réévaluer leur mode d’intervention dans le cadre de la protection des civils ».

Dans ce contexte sécuritaire tendu, la ville de Bangassou, où des tirs ont été entendus cette semaine malgré la présence de Casques bleus, doit accueillir la semaine prochaine le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, en visite en Centrafrique.

La ville a été le théâtre de violences en mai, aboutissant à sa conquête par les anti-Balakas.

Plus tôt dans la semaine, le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, s’était rendu à Bangassou pour réaffirmer l’autorité étatique. Bangui peine toujours à asseoir son assise sur une large partie du territoire national, notamment le sud-est.

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