Le sculpteur ghanéen El Anatsui, artiste et Africain

Après 40 ans de carrière, le sculpteur ghanéen El Anatsui, dont les oeuvres faites uniquement de matériaux recyclés ou usagés fascinent aux quatre coins du globe, ne compte pas mettre de sitôt un terme à sa carrière ou à ses créations.

Le sculpteur ghanéen El Anatsui, artiste et Africain © AFP

Le sculpteur ghanéen El Anatsui, artiste et Africain © AFP

Publié le 18 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

« Je me vois comme un artiste. Et comme un Africain », dit-il dans un entretien accordé à l’AFP dans la ville de Denver, au Colorado (ouest des Etats-Unis), où une exposition sur l’ensemble de son oeuvre se tient de la mi-septembre à la fin de l’année.

Cette rétrospective, organisée par le Musée d’Art africain de New York, présente plusieurs des pièces qui ont rendu célèbre l’artiste qui vit au Nigeria. En tête: ses monumentales sculptures murales constituées de capsules de bouteilles cabossées soigneusement assemblées et reliées par du fil de cuivre.

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Au musée d’Art de Denver, ces tapisseries qui ont époustouflé amateurs et experts du monde entier dansent avec les murs aux angles obliques du bâtiment conçu par l’architecte Daniel Libeskind.

« Je pense qu’il était intéressant d’avoir des murs non verticaux » pour cette exposition, souligne El Anatsui, 68 ans, en jeans et blazer, lunettes teintées sur le nez. Il dit avoir eu de « longues conversations » à ce sujet avec les responsables du musée.

Evoquant une autre de ses oeuvres de 1986 intitulée « La dernière fois que je vous ai écrit au sujet de l’Afrique », l’artiste explique avoir voulu répondre à ceux qui affirment que le continent africain n’a pas de littérature écrite. L’oeuvre, de hauteur d’homme, est une plaque de bois gravée de symboles représentant les différentes écritures présentes en Afrique.

Mais son école est alors composée en majorité de personnel européen ignorant tout de l’art africain. Le jeune Anatsui décide donc de partir explorer ses propres traditions à la rencontre d’artisans locaux sur les marchés.

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Il va commencer à graver sur des plaques en fer des symboles traditionnels qu’il a observés sur les vêtements de deuil et représentant des concepts abstraits comme l’âme ou la puissance divine.

Une fois diplômé, Anatsui va adopter une philosophie qui restera à la base de tout son art: l’engagement de n’utiliser ni peinture ni de toile, mais de travailler directement avec ce qu’il trouve dans son environnement proche, qu’il s’agisse d’objets empruntés, usagés ou de déchets.

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Lorsqu’il déménage au Nigeria pour enseigner, il perd l’accès aux plaques métalliques dénichées dans les marchés. Il passe alors à un nouveau support: l’argile, incorporant dans ses travaux des fragments de poterie, inspiré par la tradition de son pays d’adoption de réutiliser des pots cassés lors des cérémonies d’offrandes religieuses.

Lisa Binder, conservatrice de l’exposition de Denver, observe que les Occidentaux considèrent le recyclage comme une nécessité, alors qu’en Afrique les objets peuvent être réutilisés avec beaucoup d’imagination.

Anatsui entend bien continuer à explorer de nouveaux matériaux et développer de nouvelles idées. Il projette entre autres de recouvrir certaines parties du « New York High Line », ces anciens rails transformés en promenade qui surplombent Manhattan.

« Il y a tant de choses que les objets peuvent révéler, rien que par le lieu d’où ils proviennent », note l’artiste.

Les capsules utilisées pour ses célèbres sculptures murales sont notamment issues de bouteilles de rhum, alcool à base de canne à sucre, rappelant le commerce triangulaire d’esclaves entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques.

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