Niger : 23 policiers blessés dans des heurts avec des manifestants anti-loi de Finances

Vingt-trois policiers ont été blessés le le 29 octobre dans la capitale nigérienne Niamey lors de heurts avec des manifestants qui protestaient contre la loi de Finances 2018 qu’ils jugent « anti-sociale ».

Une manifestation anti-gouvernementale à Niamey le 4 mars 2017. © AFP/BOUREIMA HAMA

Une manifestation anti-gouvernementale à Niamey le 4 mars 2017. © AFP/BOUREIMA HAMA

Publié le 29 octobre 2017 Lecture : 3 minutes.

« Le bilan est malheureusement lourd : nous avons 23 policiers blessés, dont quatre graves », a affirmé le 29 octobre le ministre nigérien de l’Intérieur Mohamed Bazoum à la télévision publique. Par ailleurs, a-t-il ajouté, « quatorze véhicules ont été détruits, dont dix de la police » lors de heurts avec des manifestants qui protestaient contre la loi de Finances 2018.

Le commissariat de police de Habou Béné, le plus important marché du pays, a été incendié et la devanture du bâtiment de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a été vandalisée.

Tous ceux qui ont eu des responsabilités dans les évènements répondront de leurs actes

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Mohamed Bazoum a accusé le Mouvement démocratique nigérien (Modem), le parti de l’ex-Premier ministre Hama Amadou qui vit en exil depuis plus d’un an, d’être derrière la manifestation et d’être « tenté par le modèle insurrectionnel au Burkina Faso pour accéder au pouvoir ».

Des militants identifiés comme ceux du Modem, basés aux États-Unis et en Europe, ont « encouragé en direct sur les réseaux sociaux, des manifestants à résister, à ne pas battre en retraite et à entrer dans l’Assemblée nationale pour la brûler », a affirmé le ministre de l’Intérieur.

« Tous ceux qui ont eu des responsabilités dans les évènements de ce matin répondront de leurs actes », a prévenu Mohamed Bazoum, qui a annoncé la dissolution de l’Actice, l’Association de défense des droits des consommateurs des technologies de l’Information, de la communication et de l’énergie, à qui l’autorisation du rassemblement avait été officiellement délivrée.

« Nouvelles taxes »

À l’appel d’un collectif de la société civile, plus d’un millier de personnes s’étaient rassemblées sur la place Toumo, près du centre ville de Niamey, où elle devait tenir un meeting de protestation contre la loi qui, selon ses détracteurs, crée « de nouvelles taxes et de nouveaux impôts ».

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Certains manifestants scandaient des slogans hostiles au gouvernement et d’autres brandissaient des pancartes « Non à la loi de Finances 2018 ».

Entamée dans le calme, la manifestation a dégénéré lorsqu’un groupe de protestataires s’est dirigé, malgré les interdictions, vers la place de la Concertation, en face du Parlement, qui sert habituellement de point de chute aux manifestations.

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Ce groupe s’est retrouvé face à la police qui a fait usage de grenades lacrymogènes pour les empêcher de progresser vers le Parlement, réuni en cession budgétaire depuis un mois. Les manifestants ont riposté par des jets de pierres et en montant des barricades de pierres, de briques et des pneus enflammés aux carrefours.

Les heurts sont concentrés au niveau du Nouveau-marché et de Lacouroussou, deux quartiers populaires situés sur l’itinéraire menant au Parlement.

« Réduire le train de vie du gouvernement »

À travers les médias locaux, des organisations de la société civile dénoncent depuis des semaines la loi de Finances 2018 qui institue de « nouvelles mesures fiscales anti-sociales ». « Le nouveau budget va d’avantage presser les pauvres », s’est insurgé Nouhou Arzika, grande figure de la société civile et un des meneurs de la contestation.

« Au lieu de créer de nouvelles taxes », Nouhou Arzika propose notamment aux autorités de « commencer par réduire leur prestigieux train de vie » de « réduire la taille du gouvernement » ou « les nombreux voyages officiels ».

Les mesures « ne touchent pas les pauvres » mais les « plus riches » et la pression fiscale sera comprise « entre 13% et 16%, soit son niveau de 2015 », a assuré la semaine dernière devant les députés le ministre nigérien des Finances Hassoumi Massaoudou.

Le Niger est un pays sahélien presque entièrement désertique et parmi les plus pauvres du monde. Son économie est affectée par la chute du cours du pétrole – dont il est un modeste producteur depuis 2011 – et la baisse du prix de l’uranium, dont il est un grand producteur mondial.

Une bonne partie de ses ressources est absorbée par la lutte contre les jihadistes venant du Mali et des islamistes du groupe nigérian Boko Haram, qui mène régulièrement des attaques meurtrières dans le sud-est du Niger.

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