Isaias Samakuva, l’opposant angolais qui défend une démocratisation pacifique
A la tête du principal parti d’opposition angolais depuis neuf ans, Isaias Henrique Ngola Samakuva, connu pour son flegme et ses jugements mesurés, veut être l’homme qui conduit l’Angola vers la démocratie.
Porté par une contestation croissante dans le pays, le leader de l’Union nationale pour l’indépendance de l’Angola (Unita) entend mettre fin à plus de trente ans de pouvoir du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) du président José Eduardo dos Santos.
« L’Angola a besoin de créer une culture d’organisation des élections dans le respect de la Constitution », répète le chef de l’ancienne guérilla convertie en parti politique, droit dans son costume ou à la tribune d’un meeting, d’une voix lente et posée.
Pour ce faire, le leader de l’Unita, âgé de 66 ans, concentre son action depuis des mois pour que les élections générales du 31 août soient « transparentes, libres et démocratique », usant de tous les leviers à sa disposition, de la négociation avec la Commission nationale électorale à la menace d’organiser des manifestations.
Une stratégie qui traduit la peur de la défaite et l’absence d’un programme de gouvernement crédible au sein de l’Unita, selon le MPLA.
Car le scrutin de vendredi sera un véritable test pour le principal parti de l’opposition angolaise, comme pour son chef.
A la dernière élection en 2008, l’Unita n’a récolté que 10% des suffrages –contre 81% pour le MPLA–, son nombre de sièges à l’Assemblée nationale chutant de 70 à 16.
Une déroute difficile à digérer pour Isaias Samakuva, accusé de ne pas avoir su tenir ni organiser un parti miné par des divisions internes.
Son autorité est d’ailleurs contestée, certains le trouvant trop mou face au MPLA et incapable de moderniser le parti.
Successeur du leader historique de l’Unita Jonas Savimbi après sa mort en 2002, Isaias Samakuva, qui appartient comme lui à à l’ethnie ovimbundu, l’une des plus nombreuses en Angola, est un militant de la première heure.
Né le 8 juillet 1946 à Cunje dans la province centrale de Bié et formé par des missionnaires, il rejoint l’Unita à l’âge de 28 ans et devient vite l’un des hommes de confiance du « Coq noir », surnom de Jonas Savimbi.
Directeur de son cabinet en 1986, il est nommé « général de brigade » des forces armées de libération de l’Angola (Fala), branche armée de l’Unita opposée à l’armée du MPLA pendant la longue guerre civile qui déchire le pays entre 1975 et 2002.
Envoyé en mission à Londres, Isaias Samakuva participe ensuite aux négociations de paix après la signature de l’accord de Lusaka en 1994, mais doit à nouveau quitter le pays en 1998 avec la reprise des combats et l’arrestation de plusieurs responsable de l’Unita par les forces gouvernementales.
Réfugié à Paris, il ne rentre en Angola qu’après la mort de Jonas Savimbi, et il est élu président de l’Unita en 2003.
Il est reconduit en 2007 et 2011, ce qui lui vaut des remarques récurrentes sur son autoritarisme et le fonctionnement du parti, jugé peu démocratique par ses opposants internes.
Isaias Samakuva entend allier passé –à savoir le lourd héritage laissé par Savimbi– et avenir, en mobilisant les jeunes générations moins marquées par le traumatisme de la guerre civile.
Un pari difficile à tenir, soulignent des historiens, sociologues et observateurs angolais interrogés par l’AFP, qui pointent la difficulté d’Isaias Samakuva à imprimer sa propre marque de leader.
Pour tenter de gripper la machine de guerre électorale du MPLA, le chef de l’Unita a mis au défi José Eduardo dos Santos de débattre avec lui en public pendant la campagne. Une invitation toutefois restée sans réponse.
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