Zimbabwe : Mugabe, jeune retraité « jovial », selon son neveu

L’ex-président du Zimbabwe Robert Mugabe se porte bien et se réjouit, à 93 ans, de pouvoir profiter de sa retraite politique forcée, a affirmé dimanche son neveu quelques jours après la chute du plus vieux dirigeant en exercice de la planète.

Robert Mugabe, le 22 août 2013 à Harare. © AFP / Alexander Joe

Robert Mugabe, le 22 août 2013 à Harare. © AFP / Alexander Joe

Publié le 26 novembre 2017 Lecture : 3 minutes.

« Il va bien. Je suis allé le voir, il est assez jovial », a déclaré à l’AFP Leo Mugabe, fils de Sabina, soeur défunte de M. Mugabe.

« En réalité, il se réjouit de sa nouvelle vie, de pouvoir s’occuper d’agriculture et de pouvoir rester dans sa maison à la campagne. Il a bien pris les choses », a-t-il poursuivi.

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Au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, Robert Mugabe a démissionné mardi après un coup de force de l’armée provoqué par le limogeage de son vice-président Emmerson Mnangagwa, qui lui a succédé vendredi.

Lâché par les militaires et son propre parti, la Zanu-PF, le « camarade Bob » a fini par céder sous la menace d’une procédure de destitution lancée au Parlement.

Depuis sa chute, la presse et la rue bruissent d’informations non confirmées sur les conditions de son départ, négocié avec l’armée.

Dans son édition dominicale, le quotidien zimbabwéen The Independant a affirmé que l’ex-chef de l’État avait obtenu une enveloppe de 10 millions de dollars, l’immunité contre toute poursuite judiciaire et l’assurance de garder ses biens.

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Son neveu Leo Mugabe n’a pas souhaité commenter ces détails.

‘Dans la loi’

Interrogé par l’AFP, l’ancien porte-parole de Robert Mugabe, George Charamba, a lui aussi refusé de confirmer un tel accord mais a rappelé que « les conditions de la retraite du président sont définies dans la loi ».

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« Ce n’est pas à l’ordre du jour à ce stade », a poursuivi M. Charamba. « Ce sera à la commission de la fonction publique de le préciser en vertu de la loi et en fonction du statut et du respect dus au père fondateur de la nation ».

Le proche de l’ancien président a démenti à plusieurs reprises qu’il avait négocié son immunité.

Les déclarations de son neveu confirment que Robert Mugabe et son épouse Grace ont, pour l’heure, écarté la piste d’un exil, évoquée ces derniers jours.

Lors d’une rencontre vendredi à son domicile de Harare, l’ancien chef de l’État a confié à l’ancien président Sam Nujoma et à l’actuel vice-président namibiens Hifikepunye Pohamba que « lui et sa famille n’ont pas l’intention de quitter le Zimbabwe », a affirmé le parti namibien au pouvoir (Swapo).

Le neveu de Robert Mugabe a par ailleurs indiqué que son épouse Grace avait l’intention de se consacrer désormais à la construction d’une université au nom de son époux.

« J’aime bien son état d’esprit, elle reste auprès de lui tout le temps », a déclaré à l’AFP Leo Mugabe.

‘Justice’

« C’est une personne formidable. Elle veut continuer à superviser la construction de l’université Robert Mugabe, de sorte qu’ils aient quelque chose à faire », a-t-il ajouté.

En août dernier, le gouvernement du Zimbabwe avait dévoilé un projet de construction d’une université à Mazone, à 35 km de la capitale Harare. Ce projet, d’un coût estimé à un milliard de dollars, avait suscité de vives critiques dans un pays ruiné, asphyxié financièrement et où le taux de chômage dépasse les 90%.

Détestée des Zimbabwéens à cause de ses extravagances et de son goût prononcé pour le luxe, Grace Mugabe a causé l’intervention des militaires en ordonnant l’éviction de M. Mnangagwa, qui lui barrait la route de la succession de son mari.

Inspirateur de la fronde antirégime qui a secoué le Zimbabwe l’an dernier, le pasteur Evan Mawarire a souhaité dimanche que Robert Mugabe et ses proches soient traduits en justice.

« De nombreux habitants de ce pays ont été abusés et opprimés, il est important qu’on leur rende justice », a-t-il déclaré à l’AFP.

Robert Mugabe a dirigé le Zimbabwe d’une poigne de fer, réprimant systématiquement toute voix dissonante. Des dizaines de milliers de personnes ont été torturées, tuées ou emprisonnées sur son ordre, selon les ONGs.

Son successeur, Emmerson Mnangagwa, a promis vendredi, lors de son discours d’investiture, d’engager le pays sur la voie de la démocratie. Mais son passé de fidèle du régime Mugabe sème le doute sur ses capacités à tenir cette promesse.

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